Italie. Nom mythique s’il en est un. Pays légendaire qui séduit, encore et toujours, tant de voyageurs – simples touristes, fervents catholiques, artistes ou écrivains – qui en reviennent la mémoire encombrée d’images.
Sous la direction de Carla Fratta, professeure de littératures francophones à l’Université de Bologne, et d’Élisabeth Nardout-Lafarge, professeure au Département d’études françaises à l’Université de Montréal, Italies imaginaires du Québec propose justement un portrait de ces images, multiples donc, qui traversent le discours social et l’univers des artistes et des écrivains québécois depuis le début du XIXe siècle. L’essai couvre en effet, selon un ordre chronologique et historique qui en facilite la lecture, un large spectre s’étendant de 1819 à 1996 : de Mgr Joseph-Octave Plessis au personnage de Scarfo dans la télésérie Omertà I, de l’envoi de zouaves canadiens-français auprès de Pie IX farouchement opposé au roi Victor-Emmanuel aux vagues d’immigrants venus surtout des provinces italiennes du Sud qui ont investi et modifié le tissu urbain de Montréal, des récits de voyageurs québécois du XIXe siècle aux œuvres de Marie-Claire Blais, Réjean Ducharme, Hubert Aquin, Normand de Bellefeuille, Pauline Harvey, Alain Grandbois ou Marie José Thériault, du cloisonnement des premières générations d’immigrants italiens à l’influence des Italo-Québécois réunis autour du magazine Vice versa et des éditions Guernica Parmi les quelque douze textes signés par des spécialistes québécois et européens, italiens surtout, notons en particulier « Italiens et Québécois » de Bruno Ramirez, « Comment détruire un mythe par la parodie : Marie José Thériault, Quatre sacrilèges en forme de tableaux » de Carla Fratta, « Pauline Harvey : Pourquoi pas l’Italie, maintenant ? » d’Anna Paola Mossetto, « L’intervention italo-québécoise dans la reconfiguration de l’espace identitaire québécois » de Pierre L’Hérault et « Omertà : le trafic des clichés » d’Élisabeth Nardout-Lafarge.
Italies imaginaires du Québec invite le lecteur à mieux prendre la mesure de cette présence italienne, réelle ou inventée, qui marque l’imaginaire québécois et transforme son discours identitaire. Et – comment pourrait-il en être autrement ? – lui donne l’envie de repenser à ses propres Italies.