Ce dixième recueil de Daniel Dargis est, en grande partie, constitué de textes déjà parus soit dans Exit, Estuaire ou encore dans Le Sabord. D’autres ont accompagné des toiles de Jocelyne Duchesne ou de Louise Prescott lors d’expositions. Comme dans Hiver noir (Écrits des Forges, 1998) le poète explore la face cachée, sombre de notre monde qui est – dans son non-sens – signifié grâce à l’écriture. « Comment puis-je étouffer la déroute / s’inscrivant dans mes vers / et ces rues de la ville qui vendent leur solitude. » Le rapport existant entre l’acte poétique, la vie désertifiée, la difficulté d’être frappe incroyablement dans ces deux vers : « [J]e suis toutes ces ratures répandues dans la nuit / et l’alphabet desséché qu’il faut brûler ».
C’est la présence de l’Autre, de la nature autant que l’écriture, la lecture qui donneront corps et signification à l’être dans son obscurité, même si, soudainement, « tout retombe au noir violent ». C’est constamment la Ville – comme lieu quasiment maudit – qui engouffre le poète dans un cul-de-sac existentiel mais l’art et l’amour se joignent de façon créative pour permettre, ne serait-ce qu’un instant, le dépassement de l’étrangeté de sa présence au monde.