Tirant sa justification du fait qu’elle se consacre surtout à la prose poétique, la collection de poésie de VLB sert pourtant de plus en plus à diffuser des œuvres en vers. Étrange, puisque L’Hexagone, qui fait partie du même conglomérat éditorial, assure déjà le boulot. Devant la plaquette de Martin Bélanger, toutefois, on se demande si la branche VLB ne s’intéresse pas plus exactement à la poésie prosaïque. Malheureusement, le titre du volume est très représentatif de l’amateurisme de l’ensemble et des platitudes qui le jonchent : « […] croyant que tout n’est que misère et vilenie // hors de leurs banlieues endormies / certains ne savent rien de la vie », nous balance Martin Bélanger, rimant en plein milieu d’une crise d’adolescence qui croit échapper au Je en reprenant le flambeau de la poésie nationaliste. C’est ce que, dans son invraisemblable préface, Pierre Falardeau suggère, lui qui en a assez de « la poésie du je, me, moi, mon nombril, mes varices, mes états d’âme », juste avant qu’on ait droit à un « Prologue » qui se limite justement à cet unique vocable : « Je ». Belle introduction à un balbutiement qui ne sait que produire de vilains échos de Gaston Miron et de Jacques Brault, de Paul Chamberland et de Lucien Francoeur, au cours d’une cinquantaine de pages qui n’ont rien de l’économie mais tout de la pauvreté. Doit-on vraiment citer un extrait de ce poème autoréférentiel (« Vomissures ») ? : « […] stop / plein le cul du vide monumentisé / puisse venir le jour où un homme / une femme peut-être qui sait / dira la vie aussi belle et vile soit-elle / prosera les entrailles de l’éphémère / gravera les vers des vertes avanies ». Mais inutile de s’acharner sur l’auteur de cette fausse rencontre entre poésie et politique, qui ne semble être que le symptôme d’une dérive passagère de la part d’un éditeur en reconstruction.
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