« Les autorités religieuses n’ont jamais trop aimé les médias : autant le Vatican que les ayatollahs. » Dès Gutenberg, Rome voyait d’un mauvais œil que l’on démocratise ce qui serait imprimé. Les choses ne se sont pas améliorées avec le temps… Encore en 1963, il était interdit à un prêtre catholique d’entrer dans un cinéma !
Or, les médias constituent aujourd’hui un véhicule indispensable pour atteindre les gens. Rejoindre l’autre, n’est-ce pas au cœur de la mission du chrétien en ce monde ? Mais les médias, axés par nature sur le divertissement, le spectaculaire et le superficiel, se prêtent-ils, au départ, à un discours sur la spiritualité ?
Oui, répond ici Guy Marchessault, ex-séminariste, ex-journaliste, aujourd’hui professeur de communication à l’Université Saint-Paul d’Ottawa. Jusqu’à un certain point, bien sûr. Mais ne serait-ce que pour se rendre à ce point, le croyant devra se familiariser avec le langage propre aux médias. Les missionnaires ont bien appris toutes les langues du monde pour évangéliser les cinq continents… Voilà que le sixième continent, celui des médias et de la postmodernité, les attend à son tour. Ainsi, l’endoctrinement et le discours dogmatique, encore chers (voire nécessaires) à certaines branches de l’Église, ne passeront jamais la rampe. En revanche, le témoignage est un genre très prisé par les médias, à condition qu’il soit fait par un « bon conteur ». Au fond, les contraintes des croyants qui veulent le micro sont exactement les mêmes que celles des autres : ils doivent faire dans le beau (au sens d’attirant) et toucher les gens à partir de leur vécu quotidien.
Après avoir présenté de façon complète et systématique le langage des médias puis celui de la foi, Guy Marchessault s’attache à trouver des convergences entre les deux. Contrairement à ce que prétendent certains auteurs, ces points d’intersection existent bel et bien. Aux fidèles de les explorer.