Tout commence le jour où Pierre-Yves, le narrateur et personnage principal, se présente en retard à l’école où il doit assurer une suppléance. En colère, le directeur de l’établissement lui sert un long discours sur l’importance d’assumer ses responsabilités (tout en se gargarisant de sa propre importance) avant de lui signifier son congédiement. Le jeune homme est alors contraint d’effectuer de la vente itinérante de bas et d’élastiques à cheveux, sous les ordres d’un gourou de la motivation pour qui ses subalternes sont autant de cerveaux à programmer à coup de « Vendre ! Vendre ! Veeeendre ! » Ayant peu de succès auprès de la clientèle, il se fait finalement embaucher comme correcteur pour le compte du magazine à sensation Sur Place, dirigé par Gaburin Vocifère, un disciple de la rentabilité, qui se dit passionné par le très lucratif « aspect humain » de la nouvelle. Après avoir feint de s’intéresser à Pierre-Yves et à son travail, Vocifère lui propose de remplacer un collègue journaliste et de couvrir un événement jet-set au cours duquel un jeune poète joue les prostitués du marketing, délaissant sa plume pour s’exhiber à demi-nu dans la nouvelle campagne publicitaire d’un parfum à la mode.
Avec son langage fragmenté et son ton incisif et pamphlétaire, ce roman satirique, à saveur autobiographique, tire à boulets rouges sur la société de consommation, les médias populaires, les artistes qui s’abaissent au papotage inutile (dont une certaine Nancy Huston « en train de répéter ses faderies superfades d’écrivaine mère de famille »), la bêtise et l’absurdité de l’existence. Certains lecteurs se sentiront cependant quelque peu déroutés par les longues tirades, parfois sans liens avec le texte, qui nous entraînent dans un univers bien personnel. Il faut néanmoins lire Bal à l’abattoir pour sa critique sociale, entre autres ses portraits de personnages influents mais idiots et la dénonciation de l’hypocrisie de certaines publications qui gavent sciemment le public d’âneries.