Comment définir l’identité collective en ce début de XXIe siècle, en particulier dans le contexte « québéco-canadien » ? Depuis plusieurs années, cette question alimente les débats, et parfois même les polémiques, comme en témoignent les propos d’intellectuels québécois cités au début de l’ouvrage. Nathalie Prud’homme formule comme hypothèse qu’à partir des années quatre-vingt, l’émergence de plusieurs écrivains d’origine étrangère a contribué à faire de la littérature québécoise le lieu d’une tentative de reconfiguration du rapport à l’identité. L’objectif de l’étude est de montrer comment la conception de l’identité a façonné l’imaginaire collectif durant les deux dernières décennies.
Le choix du corpus met en évidence le souhait d’analyser « une écriture qui met en scène l’expérience de l’émigration/immigration, une écriture qui veut présenter l’origine et l’adaptation à la société d’accueil ». L’auteure n’occulte pas les différences entre les trois auteurs retenus (Mona Latif Ghattas, Marco Micone, Antonio D’Alfonso). Elle les met en évidence, au contraire, pour souligner la diversité des points de vue, la singularité de chaque écriture, mais aussi la difficulté à vivre harmonieusement la déchirure identitaire.
L’étude proposée par Nathalie Prud’homme repose sur une approche principalement socio-culturelle (sociocritique) des textes littéraires. Elle tend à mettre au jour les deux dimensions individuelle et collective de la quête identitaire, ainsi que l’interaction de la société et de la littérature québécoises. L’essai s’achève d’ailleurs sur une mise en perspective intéressante du questionnement identitaire des trois auteurs étudiés et de celui d’écrivaines francophones telles que Monique LaRue et Monique Proulx.