Dans la collection « L’image amie », les éditions J’ai VU nous proposent une plaquette où dialoguent des récits du nouvelliste Stanley Péan et des photos de François Lamontagne, artiste saguenéen résidant à Québec. Le souci artistique se manifeste d’ailleurs dans la facture de l’ouvrage : couverture cartonnée, papier glacé, typographie créative (tout en restant sobre). Première bouffée d’air frais dans un monde où la marge bénéficiaire semble vouloir faire foi de tout. Ce n’est pas la seule, car il s’agit ici plus que d’un tandem auteur-photographe : le lecteur est convié à un véritable trio.
Les photos n’illustrent pas les histoires, pas plus que celles-ci ne commentent les photos. On assiste – on participe – plutôt à un compagnonnage entre les deux, compagnonnage qui trouve écho dans les récits de l’écrivain, des nouvelles tout empreintes de délicatesse décrivant des moments précis dans la vie d’un couple où l’un prend conscience que quelque chose s’est brisé ou s’est transformé, « sans jamais oser nommer cette faille qui se creusait entre eux deux, qui prenait quasiment chair, les retenait l’un à l’autre sans pour autant les faire complices ».
L’écriture de Stanley Péan présente peu de saillies, mais jamais elle ne laisse le lecteur orphelin, toujours elle lui propose quelque chose, tout en le laissant respirer (comme les pages aérées du livre). Les émotions dont l’auteur se fait le canal, les vies de ses personnages ne nous sont pas imposées. Elles frappent doucement à une porte qui nous invite à notre propre rencontre.
Des indices nous laissent croire qu’on suit un même personnage d’une nouvelle à l’autre, mais cette impression s’insinue subtilement ; encore une fois, on laisse au lecteur la liberté de faire ses propres constructions. Les récits, qui nous montrent des gens qui croyaient, qui auraient aimé faire partie d’un couple (le même) toute leur vie, et qui soudain, voient avec désarroi leur certitude s’ébranler, s’achèvent d’ailleurs plus souvent sur une interrogation que sur un point final.