« Lorsque notre nourriture, nos vêtements, nos toits ne seront que le fruit exclusif de la production standardisée, ce sera la tour de notre pensée. Toute idée non conforme au gabarit devra être éliminée. La production collective et de masse est entrée dans notre vie économique, politique et même religieuse à tel point que certaines nations ont substitué l’idée de collectivité à celle de Dieu ».
John Steinbeck, À l’Est d’Eden.
ÉTATS-UNIS
État fédéral d’Amérique du Nord
9 364 000 km2
265 800 000 habitants : États-uniens
Capitale : Washington
Langue : anglais
Les États-Unis sont après la France le pays qui compte le plus grand nombre de Prix Nobel de littérature. Voilà qui explique, en partie seulement, la raison pour laquelle la littérature états-unienne est l’une des plus connues ; l’attribution du Prix Nobel à un auteur et corollairement à un pays rendant pratiquement immédiate la traduction d’une œuvre, donc son accessibilité par le plus grand nombre de lecteurs.
Si Tocqueville, en son temps, dresse, dans De la démocratie en Amérique, un portrait des écrivains américains qui « ne manquent guère d’obéir à leurs instincts : ils gonflent leur imaginaire sans cesse et, l’étendant outre mesure, ils lui font atteindre le gigantesque », il s’avère beaucoup plus difficile aujourd’hui de fournir une image archétypique de l’écrivain des États-Unis. La littérature états-unienne n’a pas suivi les contraintes d’écoles littéraires mais se caractérise davantage par l’émergence de talents novateurs, originaux, et par une kyrielle de réussites individuelles. Qu’ils incarnent selon la critique la « génération perdue », la Beat generation, qu’ils soient les représentants de la métafiction, du style « New Yorker », de la science-fiction, les voix du Sud, ou de la négritude, les écrivains de cette terre pleine de promesses, d’origines diverses, ont écrit, presque paradoxalement, des œuvres où domine le thème de la quête des racines. L’apparente homogénéité du pays travestit en vérité les disparités les plus criantes que des générations d’auteurs se sont employés à peindre. Le panorama qui suit, fatalement incomplet, en est l’illustration.
Edward Albee (Washington, 1928 – 2014 )
Le thème récurrent de ce dramaturge, dont l’œuvre qui s’apparente à l’absurde dévoile l’artifice des conventions et l’hypocrisie de la société américaine, est l’incommunicabilité entre les êtres. Albee a souvent identifié son théâtre à un naturalisme stylisé.
Le rêve américain ; Qui a peur de Virginia Woolf ?.
Paul Auster (Newark, 1947 – )
L’invention de la solitude : un titre qui dit parfaitement le thème cher à cet auteur, la solitude, auquel s’ajoute une réflexion sur le langage, le passé, l’obsession du néant ou de la disparition. Une écriture élégante et métaphorique et un auteur à ne pas manquer tant son don pour la narration est exceptionnel. Il sait habilement déconcerter, à l’occasion, ses lecteurs, quand il fait dire d’entrée de jeu, par exemple, au héros de Mr Vertigo : « J’avais douze ans la première fois que j’ai marché sur l’eau ».
L’invention de la solitude, trad. par C. Lebœuf, Actes Sud, 1988 ; La cité de verre, trad. par P. Furlan, Actes Sud,1987 ; La chambre dérobée, trad. par P. Furlan, Actes Sud, 1988 ; Revenants, trad. par P. Furlan, Actes Sud, 1988 ; Le voyage d’Anna Blume, trad. par P. Ferragut, Actes Sud, 1989 ; Moon Palace, trad. par C. Lebœuf, Actes Sud, 1990.
James Baldwin (New York, 1924 – Saint-Paul de Vence, 1987)
Fils d’un pasteur noir, James Baldwin a été l’initiateur du Mouvement pour les droits civiques ; il a analysé dans son œuvre (notamment avec Le coin des Amen, Gallimard, 1983 ou encore Harlem Quartet, trad. par C. Besse, Stock, 1987) les frustrations de la communauté noire et les préjugés raciaux des Blancs, en cherchant une solution dans une sorte de révolution morale.
Djuna Barnes (Cornwall-on-Hudson, 1892 – New York, 1982)
Sans doute l’une des femmes de lettres les plus marquantes de la littérature contemporaine, née dans une famille lettrée, Djuna Barnes étudia d’abord les beaux arts. L’originalité de son œuvre picturale, comme de son œuvre romanesque, la distingua de ses confrères. Établie à Paris, elle fréquenta les modernistes américains exilés, Gertrude Stein notamment. Amie de T.S. Eliot, et de James Joyce, qui lui offrit le manuscrit original de son Ulysse, elle était la seule autorisée, dit-on, à l’appeler Jim, ce que Heminguway n’osa jamais faire. Son œuvre la plus connue, Nightwood (Le Bois de la nuit, trad. par P. Leyris, préfacé par T.S. Eliot, Seuil, 1986), fut considérée en son temps comme le chef-d’œuvre de la littérature « clandestine », récit largement autobiographique de sa liaison tumultueuse avec Thelma Wood.
EXTRAIT
« Elle resta avec Nora jusqu’au milieu de l’hiver. Deux désirs occupaient son esprit, amour et anonymat. Cependant, elles étaient si ‘hantées’ l’une par l’autre que la séparation devenait impossible. Nora acheta un appartement dans la rue du Cherche-Midi. C’est Robin qui l’avait choisi. Durant cette période de leur vie commune, chaque objet du jardin, chaque élément de la maison, chaque mot échangé témoignait de leur amour mutuel, de l’harmonie de leurs êtres ».
Le Bois de la nuit, Djuna Barnes.
John Barth (Cambridge, 1930 – )
Écrivain postmoderniste, qui imite, tout en les parodiant, les formes conventionnelles, il eut une passion ardente, toute sa carrière durant, pour Schéhérazade, au cœur de tous ses récits. Dans L’enfant-bouc, un homme, élevé parmi les chèvres, porte sur l’absurdité du monde un regard plein d’acuité. Il aime à dire avec humour que son talent tient au fait qu’il sait rendre complexes les choses simples.
L’opéra flottant, Gallimard, 1968 ; L’enfant-bouc, Gallimard, 1970 ; Perdu dans le labyrinthe, Gallimard, 1972 ; Chimère, Gallimard, 1977 ; Fin de parcours, Balland, 1990.
Saul Bellow (Lachine-Québec, 1915 – ) PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE 1976
Écrivain américain né au Québec, d’origine russe, Saul Bellow s’intéresse dans son œuvre aux vicissitudes de la communauté juive américaine, comme dans Les aventures d’Augie March, sorte de fresque picaresque introspective. Herzog, roman qui lui vaut le Prix Pulitzer, le désignera bientôt comme le plus grand styliste de son temps.
Les aventures d’Augie March, trad. par J. Rosenthal, Plon, 1959, Flammarion, 1977.
Paul Bowles (Long Island, 1910 – Tanger, 1999)
Souvent considéré comme l’auteur d’un seul livre, Un thé au Sahara (Gallimard, coll. « L’imaginaire », 1987), « […] le nomade légendaire, l’ermite de Tanger, l’exilé volontaire. Le moins américain des écrivains américains. Le père de la contre-culture, ce dieu qui fit rêver la beat generation et les vagabonds psychédéliques du flower power. L’auteur-culte auquel tout le jet set et la café société télégraphiaient à l’autre bout des océans… Le nom de Paul Bowles circule entre initiés avec des regards complices, des murmures de satisfaction », écrit André Girard (Les aspérités du réel », p. 38-40).
Joseph Brodsky (Leningrad, 1940 – New York, 1996) PRIX NOBEL 1987
Poète d’origine soviétique, condamné en 1964 en URSS pour « parasitisme social », il se fixa aux États-Unis en 1972. Sa poésie nourrie de culture classique mêle le quotidien à la philosophie : Collines et autres poèmes (trad. du russe, Seuil, 1966) ; Poèmes 1961-1987 (trad. du russe par M. Aucouturier, Gallimard, 1987).
Pearl Buck (Hillsboro, 1892 – Danby, 1973) PRIX NOBEL 1938
Pearl Buck passe la première année de sa vie en Chine et y revient, des années plus tard, pour enseigner à Nankin. Elle reçoit le Prix Pulitzer pour La terre chinoise (LGF, 1977), première partie d’une trilogie (Les fils de Wang Lung, LGF, 1992, et La famille dispersée), qui relate la lutte d’un paysan chinois dans la Chine des seigneurs de la guerre. On lui doit d’avoir fait découvrir au monde occidental le mode de vie d’un empire encore mystérieux.
William Burroughs (Saint-Louis, 1914 – Lawrence, 1997)
Il fut l’un des principaux représentants de la Beat generation : dans Le Festin nu, il décrit dans une fiction expérimentale l’enfer de la drogue, à l’aide d’un procédé formel original : le cut-up.
Le Festin nu, trad. par E. Kahane, Gallimard, 1984.
Erskine Caldwell (White Oak, 1903 – Paradise Valley, 1987)
Son œuvre est une peinture réaliste des petits Blancs du Sud des États-Unis, des « culs-terreux » pitoyables à la sexualité bestiale montrés dans Le petit arpent du bon Dieu.
Le petit arpent du bon Dieu, trad. par M.E. Coindreau, Gallimard, 1983.
Truman Capote (La Nouvelle-Orléans, 1924 – Los Angeles, 1984)
Faisant d’abord partie de l’école néoromantique du Sud étasunien, Capote se tourna ensuite vers le roman-reportage dont De sang froid est une illustration parfaite : la narration sur un mode journalistique d’un fait divers, l’assassinat d’une famille de fermiers texans. Selon Jean Lefevre, « Capote est l’écrivain officiel d’un monde qui ne lit pas » et « n’eût été de De sang froid, nous n’aurions que très peu retenu d’une œuvre prétentieuse » (« Le rose et le noir », p. 54-55).
De sang froid, trad. par R. Girard, Gallimard, 1966.
Raymond Carver (1938 – 1988)
Avec son écriture sobre et son style dépouillé, Carver s’est imposé comme l’un des grands nouvellistes contemporains dont les thèmes favoris sont la séparation, la dépendance, le mensonge.
Tais-toi, je t’en prie, trad. par F. Lasquin, LGF, 1991 ; Parlez-moi d’amour, trad. par G. Rollin, Mazarine, 1986.
Raymond Chandler (Chicago, 1888 – La Jolla, 1959)
Il est le « père » d’un personnage haut en couleurs, le fameux détective privé Philip Marlowe, présent dans ses romans : Le grand sommeil (trad. par Boris Vian, Gallimard, 1973), ou encore Adieu ma jolie (trad. par G. de Genevraye, Gallimard 1988). L’un des grands maîtres du thriller comme Hammett le sens de l’action, un art du dialogue, du punch et un humour
Tom Clancy (1947 – )
Trois films adaptés de ses romans permettent de situer son style : À la poursuite d’Octobre rouge, Jeux de guerre (trad. par F.M Watkins, Albin Michel, 1988) et Danger immédiat (trad. par E. Châtelain et S. Quadruppani, Albin Michel, 1990). Passionné d’histoire navale, Clancy a lancé le genre du techno-thriller et excelle dans l’utilisation de scénarios fictifs mais crédibles ayant toujours pour toile de fond des jeux de guerre.
Mary Higgins Clark (1927 – 2014)
« Le succès phénoménal de Mary Higgins Clark est en passe de faire de cette auteure de thrillers un véritable mythe », écrit Chantal Savoie dans l’entrevue qu’elle a réalisée avec l’auteure pour Nuit blanche (numéro 68, automne 1997). Sa feuille de route est impressionnante : « […] ce sont dix-huit best-sellers (dont seize ont été traduits en français), dont les ventes aux États-Unis ont franchi le cap des 250 millions d’exemplaires. Ses romans ont été traduits dans 22 pays, et 9 ont été portés au grand écran ».
Dors ma jolie, trad. par A. Damour, LGF, 1991 ; Ne pleure pas ma belle, trad. par A. Damour, Albin Michel, 1992 ; La nuit du renard, trad. par A. Damour, LGF, 1980 ; Un cri dans la nuit, trad. par A. Damour, LGF, 1985.
Stephen Crane (Newark, 1871 – Badenweiler, 1900)
Il est considéré comme l’un des fondateurs de la nouvelle américaine contemporaine : avec La Conquête du courage, il se penche sur l’expérience d’un jeune homme pleutre qui se révèle, en se montrant brave lors de la guerre de Sécession.
La Conquête du courage, Gallimard, 1982, et Folio n° 1351.
James Patrick Donleavy (New York, 1926 – )
La dame qui aimait les toilettes propres (Calmann-Lévy) met en scène, dans un univers à la Woody Allen, une héroïne qui répond au nom de Jocelyn Geneviere Marchantiere Jones, qui demeure 17 Wanapoopoo Road… Selon ce roman désopilant, il existerait une mode répandue parmi les femmes de New York, consistant à rechercher les toilettes les plus impeccables de la ville.
John Roderigo Dos Passos (Chicago, 1876 – Baltimore, 1970)
Romancier de la « génération perdue », il juxtapose dans son œuvre des genres d’écritures diverses, reprenant ainsi en quelque sorte les techniques du montage cinématographique, pour peindre un portrait critique de la société américaine, notamment dans son célèbre Manhattan Transfer.
Manhattan Transfer, trad. par M.E. Coindreau, Gallimard, 1976 et Folio n° 825.
Theodore Dreiser (Terre Haute, 1871 – Hollywood, 1945)
Il est considéré comme l’initiateur de la littérature naturaliste aux États-Unis : Une tragédie américaine, critique furieuse de l’ère matérialiste, narre une affaire célèbre qui mena un meurtrier à la chaise électrique,
Une tragédie américaine, Fayard.
Bret Easton Ellis (1964 – )
Il est généralement classé parmi les écrivains qualifiés de « yuppies » à cause de leur précocité. Il dresse le portrait d’une société superficielle dans Moins que zéro, considéré comme son roman majeur.
Moins que zéro, trad. par B. Matthieussent, Bourgois, 1986.
Ralph Waldo Ellison (Oklahoma City, 1914 – New York, 1994)
Écrivain noir américain, il est à l’origine avec Homme invisible, pour qui chantes-tu ? de l’émergence d’une littérature noire américaine qui pose le problème de l’identité dans son pays. Un livre qui deviendra le symbole du mouvement de lutte en faveur des droits civiques de la communauté noire.
Homme invisible, pour qui chantes-tu ?, Grasset, 1984.
James Ellroy (Lee Earle Ellroy) (Los Angeles, 1948 – )
« Il prétend devenir le plus grand auteur de polar au monde. Chose certaine, il est dès maintenant un auteur incontournable : le plus que noir […] qui se qualifie lui-même de chien enragé de la littérature américaine » écrit Alain Lessard (Nuit blanche, numéro 44, juin-juillet-août 1991, « Le plus que noir James Ellroy », p. 36-38). « Des pages d’une sanglante séduction qui marquent la fin des illusions […] la clé de son obsession pour les années cinquante se trouve dans Le dahlia noir, affaire criminelle célèbre et jamais élucidée, qu’il met en parallèle avec l’assassinat de sa propre mère. Ce roman constitue l’exemple le plus probant qui soit d’une catharsis par l’écriture ».
Le dahlia noir, trad. par F. Michalski, Rivages, 1988.
James Thomas Farrell (Chicago, 1904 – New York, 1979)
Ses romans, souvent autobiographiques, décrivent un milieu qu’il connaît bien puisqu’il en est issu : la petite bourgeoisie américaine, catholique, rigoriste, d’origine irlandaise, des années 1920, à Chicago… qui lui inspire notamment le cycle romanesque de Studs Lonigan (Young Lonigan, La jeunesse de Studs Lonigan, Le jugement dernier, Gallimard, 1950, 1952). Disciple de Dreiser, on le classe généralement parmi les naturalistes.
William Faulkner (New Albany, 1897 – Oxford (Mississippi), 1962) PRIX NOBEL 1949
Il est l’auteur, procédant par descriptions analogiques, de romans psychologiques et symboliques qui ont pour cadre le Sud des Etats-Unis. Son premier roman, Monnaie de singe, qui traite de la désillusion de la Première Guerre mondiale et du retour au pays des soldats, n’est pas caractéristique de ce qui va suivre dans son œuvre ; car Le Bruit et la Fureur révolutionnera la littérature étasunienne. Le Sud figurera chez lui une sorte de mythe de l’Œdipe états-unien ; prisonniers des malédictions du Sud, les héros de Faulkner sont les pions d’une allégorie de la chute et de la rédemption.
Le Bruit et la fureur, Gallimard et Folio ; Œuvres romanesques, Gallimard, coll. La Pleïade, n° 269.
Francis Scott Fitzgerald (Saint-Paul, 1896 – Hollywood, 1940)
Son œuvre exprime le désenchantement d’une génération perdue et peint avec un lyrisme formaliste la dérive de personnages fortunés et oisifs, ou désenchantés, comme dans Tendre est la nuit (trad. par J. Tournier, LGF, 1990). Dans Gatsby le magnifique, considéré comme son chef-d’œuvre, Fitzgerald évoque l’injustice sociale qui empêche un jeune homme pauvre d’épouser la femme riche dont il est tombé amoureux ; un drame écrit dans la période extravagante des Années Folles.
Gatsby le magnifique, trad. par M. Viel, Age d’homme, 1991 ; trad. par J. Tournier, LGF, Le Livre de poche, n° 900.
William Gaddis (New York, 1922 – 1998 )
Il est l’auteur de romans rigoureux, complexes, labyrinthiques, et bourrés d’érudition. Les Reconnaissances, qui compte presque 1000 pages, relate la vie d’un séminariste reconverti en faussaire à Greenwich village, quartier lui-même contrefait vu avec un regard à la fois saugrenu et intraitable. Un autre de ses romans, JR, a obtenu le National Book Award.
Les Reconnaissances, Gallimard, coll. « Du monde entier », 1973.
William Goyen (Trinity, 1915 – Los Angeles, 1983)
Toute l’œuvre de Goyen s’inspire des lieux de son enfance, proches d’une scierie où travaillait son père, au Texas, et sorte de paradis perdu, comme dans La maison d’haleine, où merveilleux et écriture parabolique évoquent le passé enfui, dans une intrigue qui s’apparente à une incantation.
La maison d’haleine, Gallimard, coll. « L’imaginaire », 1982.
Dashiell Hammett (Saint Mary’s County, 1894 – New York, 1961)
Il est considéré comme le créateur du roman policier noir et le maître inégalé du genre, même s’il n’a publié que cinq romans : Le Faucon maltais est un modèle de roman d’action, porté magistralement à l’écran par John Huston.
Le Faucon maltais, trad. par H. Rabillot, Gallimard, 1987.
John Hawkes (Stamford, 1925 – Providence, 1998)
Les romans de John Hawkes dénoncent l’absurdité et la cruauté du monde moderne : Les oranges de sang, Le gluau. « Dès 1965, un sondage effectué auprès de quelque 200 romanciers, critiques littéraires et éditeurs de son pays permettait à John Hawkes de côtoyer les Faulkner, Mailer, Styron, Cheever, Updike, sur la liste d’excellence des romanciers américains » écrit Michel Philippe Côté (Dossier spécial sur les « Écrivains de la Nouvelle Angleterre », Nuit blanche, numéro 9, printemps-été 1983, « John Hawkes, célèbre romancier inconnu », p. 58). « Dans Les oranges de sang, Hawkes met en scène deux couples mariés : Cyril et Fiona, Hugh et Catherine. […] la tragédie sexuelle qui pointe à l’horizon se déroule en Illyrie, région balkanique montagneuse située le long de l’Adriatique. »
Les oranges de sang, trad. par A. Delahaye, Gallimard, 1991, Folio, n° 845, 1976 ; Le gluau, trad. par A. Golem, UGE, 1989.
Nathaniel Hawthorne (Salem, 1804 – Plymouth, 1864)
Les contes et romans de Nathaniel Hawthorne (La Lettre écarlate, La maison aux sept pignons) évoquent des êtres culpabilisés par la société puritaine. « S’il fallait résumer en un seul mot l’œuvre de Hawthorne, c’est sans doute péché qui s’imposerait. Il est remarquable que l’erreur dans toute son étendue sémantique (illusion, méprise, confusion, impair, aberration, dérèglement, égarement, faute, mal, péché) constitue l’un des déclencheurs du fantastique, de ce par quoi se creuse une fissure dans la réalité, l’apparence […] La tradition du roman gothique anglais avec ses souterrains et ses ruines a pleine prise sur lui. Associé à la maison, et l’on sait à quel point la maison est le prolongement visible de la famille […] le motif de la ruine est déterminant chez Hawthorne, s’inscrit dans sa condition organiciste de la vie et de la mort », écrit Gilles Pellerin dans Nuit blanche (Dossier spécial sur les « Écrivains de la Nouvelle Angleterre », numéro 9, printemps-été 1983, p. 42).
La lettre écarlate, trad. par M. Canavaggia, Flammarion, 1982, GF, n° 382 ; La maison aux sept pignons, Gallimard, 1960.
Joseph Heller (Brooklyn, 1923 – )
Auteur dramatique et romancier, Heller campe ses contemporains en usant d’une prose qui change incessamment de rythme et de tonalité. Dans Catch 22 (L’attrape-nigaud), il relate sur un ton burlesque les aventures d’un pilote de bombardier, une satire féroce du monde militaire et la dénonciation du sacrifice des hommes utilisés comme de la chair à canon.
Catch 22, Grasset, 1985.
Ernest Hemingway (Oak Park, 1899 – Ketchum, 1961) PRIX NOBEL 1954
Après avoir subi les influences de la génération perdue, Hemingway se consacre à la glorification de la force morale de l’homme, qui se mesure aux éléments et aux autres êtres en un corps à corps solitaire. Le Vieil Homme et la mer est une fable qui met en scène un vieux pêcheur cubain se battant contre une proie qu’il finira par vaincre. Elle valut à son auteur une renommée internationale immédiate. Il mit en exergue de son roman, Le soleil se lève aussi, titre emprunté à L’Ecclesiaste, cette phrase de son amie Gertrude Stein : « Vous êtes une génération perdue ».
Pour qui sonne le glas, Gallimard, 1973, Folio n° 455, Le Livre de poche, n° 28 ; Le soleil se lève aussi, Gallimard, 1972, Folio n° 221 ; L’adieu aux armes, Gallimard, 1982, Folio n° 27 ; En avoir ou pas, Gallimard, 1973.
EXTRAIT
« Tu es le type idéal de l’Anglo-Saxon. Tu es le garçon à remords. J’attends le moment où l’Anglo-Saxon lavera sa débauche avec sa brosse à dent ».
L’adieu aux armes (Gallimard), Ernest Hemingway.
Patricia Highsmith (Mary Patricia Plangman, dite) (Fort Worth, 1921 – 1995)
Papesse de l’angoisse et du suspense, elle s’est intéressée à la dégradation de la société et à l’augmentation de la violence. Si l’on songe surtout à son premier roman, L’inconnu du Nord-Express (porté à l’écran par Hitchcock), qui met en scène son héros récurrent Tom Ripley, c’est néanmoins Le journal d’Edith qui est généralement considéré comme son chef-d’œuvre. Elle privilégie davantage dans son œuvre l’étude psychologique du coupable que la tradition de l’énigme et de l’enquête. Patricia Highsmith est également l’auteure d’un court roman fort différent des autres, Carol, qui relate la rencontre et l’amour de deux femmes à New York.
Carol, les eaux dérobées, trad. par E. de Lesseps, LGF, 1991 ; Le journal d’Edith, Calmann-Lévy, 1991 ; L’inconnu du Nord-Express, LGF, 1991, Le Livre de poche, n° 4428 ; Ce mal étrange, trad. par Y. Brainville, LGF, 1991.
John Irving (Exeter, 1942 – )
Conjuguant burlesque et tragique, les romans de John Irving pourfendent les conformismes et proposent la vision d’un monde chaotique et tendre : Le Monde selon Garp (Seuil, 1980, Points roman n° 44) ; L’œuvre de Dieu, la part du diable (trad. par F. et G. Casaril, Seuil, 1986, Points roman n° 314) ; Une prière pour Owen (trad. par M. Lebrun, Seuil, 1991, Points roman n° 160) ou encore l’hilarante Épopée du buveur d’eau (trad. par M » Lebrun, Seuil, 1990, Points roman n° 382).
« Le monde selon Garp est un roman qui traite des années 70, dont le sujet est cette espèce de polarisation politique des hommes et des femmes à cette époque. C’est un roman d’‘assassinat sexuel’ : Garp est un homme qui est assassiné par une femme qui déteste les hommes et sa mère est assassinée par un homme qui déteste les femmes. Une prière pour Owen, par contre, est un roman ‘pré-féministe’, qui tente de reconstituer les années 60 » déclare John Irving dans une entrevue avec Denis Saint-Jacques, traduction de Marty Laforest et de Guy Champagne, (« L’œuvre d’Irving, la part du marché », Nuit blanche, numéro 37, septembre-octobre 1989, p. 56-58). « Bon, j’écris de longues phrases, poursuit-il, j’aime les incises. Mon sentiment est que ce qui mérite d’être décrit ne peut probablement jamais l’être assez. Ça aussi c’est un choix esthétique. Je pense que l’art minimaliste peut avoir sa place dans les jardins japonais ou dans la cuisine diététique mais qu’il n’est pas intéressant pour un romancier. »
Henry James (New York, 1843 – Londres, 1916)
Naturalisé britannique, James écrivit des romans d’analyse. Les Ambassadeurs résume tout son art, quand James évoque ces Américains établis à Paris venus goûter aux charmes de la vie européenne.
Les Ambassadeurs, trad. par G. Belmont, Laffont, 1950 ; Les Bostoniennes, trad. par J. Collin-Lemercier, Gallimard, 1992.
EXTRAIT
« On est orgueilleux quand on a quelque chose à perdre, et humble quand on a quelque chose à gagner ».
L’Américain à Paris (Hachette), Henry James.
Jack Kérouac (Lowell, 1922 – Saint-Petersburg, 1969)
Jean-Louis Lebrid de Kerouac, devenu Jack Kérouac, « d’origine canadienne française est l’initiateur de la ‘beat generation’. Mort en 1969, il a laissé une œuvre abondante qui se veut le reflet d’une Amérique à la recherche d’elle-même » écrit Marc Chabot (Nuit blanche, Dossier spécial sur les « Écrivains de la Nouvelle Angleterre », numéro 9, printemps-été 1983, p. 53). Sur la route, livre phare de la génération « beat », décrit les vicissitudes et l’amitié de mauvais garçons.
Voir aussi le dossier consacré au « Mythe Kérouac », Nuit blanche, numéro 30, décembre 1987-janvier 1988, p. 32-41.
Sur la route, Gallimard, 1976, Folio n° 766.
Sinclair Lewis (Sauk Centre, 1885 – Rome, 1951) PRIX NOBEL 1930
Sinclair Lewis est le premier États-unien à obtenir le Prix Nobel de littérature. Satiriste et naturaliste tout à la fois, il critique les mesquineries, les ragots et le vide culturel des petites villes américaines. Ses romans sont tous une satire de la bourgeoisie et de ses préoccupations mercantiles et religieuses : Babbitt (LGF, 1984, Le Livre de poche n° 3038).
Jack London (John Griffith London, dit) (San Francisco, 1876 – Glen Ellen, 1916)
Ce rebelle lyrique, socialiste et individualiste, est l’auteur de romans d’aventures : Martin Eden(UGE, 1973), Croc blanc (trad. par F. Kerline, J’ai lu, 1990), Le loup des mers (trad. Par G. Berton, Gallimard, 1977). Aventurier devenu riche et célèbre, il est mort dans des circonstances obscures.
Henry Wadsworth Longfellow (Portland, 1807 – Cambridge, 1882)
Considéré aujourd’hui comme un peu démodé, sans doute à cause des intentions moralisatrices qui émaillent son discours, Longefellow fut salué comme le plus grand poète de son temps. Outre-mer relate un séjour fait en Europe et Hypérion est une sorte d’idéalisation romantique de ses voyages ; mais c’est son fameux Évangéline, récit d’une idylle en Acadie, au moment de l’effroyable Grand Dérangement, qui l’a sans doute fait passer à la postérité.
Bernard Malamud (New York, 1914 – New York, 1986)
Les nouvelles (Le tonneau magique) et les romans (L’homme de Kiev, Seuil, 1967) de Malamud en font l’un des principaux auteurs de l’école juive américaine, adepte du récit allégorique, où sont mis en scène des anti-héros humiliés et peu assurés de leur propre identité.
Mary McCarthy (Seattle, 1912 – New York, 1989)
Elle fit une peinture implacable des milieux intellectuels et artistiques de l’Est des États-Unis, comme dans Dis-moi qui tu hantes. Le groupe (Gallimard, 1983), considéré comme son chef-d’œuvre, met admirablement en scène huit jeunes filles, purs produits du milieu protestant et des collèges de l’Ivy League.
Carson Smith McCullers (Columbus, 1917 – Nyack, 1967)
Les récits de Carson McCullers, marqués par le freudisme, traitent de la solitude de l’être humain : Le cœur est un chasseur solitaire, Reflets dans un œil d’or, Frankie Addams, La Ballade du café triste. La précision lapidaire, la facture classique, l’instinct allégorique comme la finesse du détail dans sa prose font de Carson McCullers une auteure incontournable.
Œuvres complètes, Bouquins, 1994.
EXTRAIT
« Quand vous avez vécu avec quelqu’un, c’est un terrible supplice d’être obligé de vivre seul. Le silence d’une chambre, sans autre lumière que le feu, et brusquement l’horloge qui s’arrête, toutes ces ombres qui bougent dans la maison vide. »
Ballade du café triste, Carson McCullers.
Norman Kinglsey Mailer (Long Branch, 1923 – 2007)
Les romans et les essais de Mailer analysent avec un humour féroce la « névrose sociale » de l’Amérique. Il porte dans Les nus et les morts un regard désabusé sur la guerre du Pacifique. Habitué des romans de 1000 pages au moins, il mêle dans ses ouvrages fiction et réflexion sur l’actualité ; ses Morceaux de bravoure, par exemple, combinent essai, entretiens et considérations personnelles.
Les nus et les morts, Albin Michel, 1966, Le Livre de poche n° 814.
Herman Melville (New York, 1819 – New York 1891)
Ancien marin, Melville a écrit des romans où l’aventure sert de prétexte à un discours symbolique. Il est l’auteur d’un des chefs-d’œuvre de la littérature étasunienne : Moby Dick, ou la fameuse histoire du capitaine Achab poursuivant la baleine blanche…
Moby Dick, trad. par J. Giono, L. Jacques et J. Smith, Gallimard, Folio, 1851.
Arthur Miller (New York, 1915 – 2005)
Tenté par l’expressionnisme, Miller fut surtout influencé par Ibsen. Ses pièces à thèse, où dominent les thèmes de la culpabilité originelle, des rapports père-fils, des conflits entre l’individu et la société, mettent en scène des personnages qui luttent pour être reconnus et acceptés par la société américaine. Mort d’un commis voyageur, adapté par J.C. Grumberg, Actes-Sud-Papiers, 1989.
Henry Miller (New York, 1891 – Los Angeles, 1980)
Il fut souvent désigné comme l’instigateur de la révolution sexuelle aux États-Unis. Ses récits dénoncent le puritanisme, les contraintes sociales et morales, et exaltent la recherche de l’épanouissement humain et sensuel : Tropique du Cancer (Gallimard, 1972, Folio n° 261).
EXTRAIT
« Le cancer du temps nous dévore. Nos héros se sont tués ou se tuent. Le héros, alors, n’est pas le Temps, mais l’Éternité. Nous devons nous mettre au pas, un pas d’hommes entravés, et marcher vers la prison de la mort. Pas d’évasion possible. Le temps est invariable. »
Henry Miller, Tropique du Cancer.
Toni Morrison (Chloé Anthony Wofford) (Lorain, 1931 – ) PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE 1993
Toni Morrison partage sa vie entre l’écriture et l’enseignement universitaire. Ses romans, à la fois réalistes et oniriques, opèrent une régénération mythique de la mémoire culturelle afro-américaine. Dans L’œil le plus bleu, son premier roman, elle décrit l’égarement d’une fillette noire confrontée à une société où les canons de la beauté n’admettent que des yeux bleus et des cheveux blonds. La chanson de Salomon relate la quête d’un homme qui veut ressusciter la mémoire de l’esclavage et remonter aux sources de l’homme noir. Beloved (roman qui a valu à son auteure le Prix Pulitzer), est une jeune fille noire, aimée au point d’avoir été tuée par sa mère qui préférait la voir mourir que de la laisser devenir esclave à son tour ; une mort libératrice et une âme qui revient hanter les vivants.
L’œil le plus bleu, Laffont, 1972 ; La chanson de Salomon, trad. par S. Rué, Acropole, 1985 ; Beloved, trad. par H. Chabrier et S. Rué, Christian Bourgeois, 1989.
Vladimir Nabokov (Saint-Petersbourg, 1899 – Montreux, 1977)
Virtuose subtil dans la composition des intrigues et des personnages, Nabokov a fait dans ses romans une peinture ironique des obsessions, des ridicules et des vices de son époque en privilégiant le thème de la transgression : Lolita décrit la dérive d’un quinquagénaire qui tombe amoureux d’une jeune fille ; un roman qui déclencha le scandale à sa parution.
Lolita, trad. par E. Kahane, Gallimard et Folio n° 899.
Voir le dossier que Nuit blanche consacre à Vladimir Naboko (été 2001, numéro 83).
Eugene O’Neill (New York, 1888 – Boston, 1953) PRIX NOBEL 1936
Le théâtre d’O’Neill mêle le réalisme à une vision poétique de l’humanité : dans l’univers suffocant du Deuil sied à Électre, il dénonce l’absurdité de la condition humaine qui accable l’Homme de violence et ne fait que l’asservir à l’illusion. Auteur de quelque 40 pièces, il est loué pour la richesse de ses inventions scéniques, le réalisme des sujets qu’il a tirés de sa propre expérience, et l’authenticité de ses dialogues. Prix Nobel de littérature en 1936, il a également reçu le Prix Pulitzer pour Par-delà l’horizon.
Théâtre complet, trad. par J. Autrusseau et M. Goldring, Arche, 1989.
EXTRAIT
« Il y a le vol en petit, comme les vôtres, et puis il y a le vol en grand, comme les miens.
Pour le vol en petit, on vous fourre en prison tôt ou tard. Pour le vol en grand, on vous nomme Empereur et on vous colle au Panthéon quand vous faites couic ».
L’empereur Jones (Stock), Eugene O’Neill.
Edgar Allan Poe (Boston, 1809 – Baltimore, 1849)
Inventeur du roman de raisonnement, il peut être considéré comme celui qui a délié la littérature américaine de l’anglaise. Il donna dans ses nouvelles et ses récits, qui déploient un monde fantastique et morbide (Les aventures d’Arthur Gordon Pym), le modèle de construction que reprendra le roman policier à énigme (Histoires extraordinaires). Longtemps méconnue aux États-Unis, son œuvre, révélée en France par les traductions de Baudelaire, influença Mallarmé et Valéry.
« C’est de Poe dont on finit par parler, Poe dont ils disent que n’eût été de Baudelaire et de Mallarmé (qui a traduit sa poésie) il serait resté ce qu’il n’a jamais cessé d’être aux States : un assez médiocre auteur de contes d’horreur. Bien sûr, je proteste. Ma mémoire me trahit, je n’arrive pas à citer convenablement les premières lignes de La chute de la maison Usher (‘Pendant toute une journée d’automne, journée fuligineuse, sombre et muette, où les nuages pesaient lourds et bas dans le ciel’) […] et à montrer que c’est de ce médiocre écrivain que Baudelaire avait tiré la substance du célèbre alexandrin initial de Spleen : ‘Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle’ (Par Gilles Pellerin, Nuit blanche, Dossier spécial sur les « Écrivains de la Nouvelle Angleterre », numéro 9, printemps-été 1983).
Les ouvrages de Poe sont disponibles dans de nombreuses éditions et en livres de poche : trad. par C. Baudelaire, Gallimard, Classiques Garnier, Folio.
EXTRAIT
« Ce que les hommes cherchent à personnifier dans le mot ‘pensée’, c’est la matière en mouvement. »
Révélation magnétique, Edgar Allan Poe.
Frederic Prokosch (Madison, 1908 – Grasse, 1989)
Né de parents autrichiens, cet écrivain cosmopolite s’inspira de ses voyages dans le monde entier pour écrire une œuvre onirique. Les Asiatiques (trad. Par M. Morise, Gallimard, 1984), considéré comme son chef-d’œuvre, mélangent aventures et souvenirs imaginaires dans une Asie fictive tandis que dans Le manuscrit de Missolonghi (trad. par E. Gille, UGE, 1987), il tente de réinventer le journal disparu de Lord Byron. Son autobiographie, Voix dans la nuit (trad. par L. Dilé, UGE, 1987), vaut par sa grande valeur de témoignage : Prokosch y évoque les écrivains qu’il a rencontrés : Brecht, Malraux, Gide, Mann, Blixen, Nabokov…
Thomas Pynchon (Long Island, 1937 – )
De Pynchon, personnage énigmatique, on ne sait que peu de choses. Quand il reçoit le National Book Award, la plus importante distinction littéraire des États-Unis, pour L’arc-en-ciel de la gravité (trad. par M. Doury, Seuil, 1988), il envoie un autre à sa place pour recevoir le prix. Son œuvre, kaléidoscopique, métaphorique, mêle des genres et des écritures très diverses qui rendent sa compréhension difficile. V, une comédie à proprement parler délirante qui peint une fresque du passé occidental, déconcerta à sa parution par la place qu’il faisait à la métafiction.
V, trad. par M. Danzas, Seuil, 1992.
Philip Roth (Newark, 1933 – )
Son œuvre compose une peinture ironique de la communauté juive et de la classe moyenne étasuniennes. Portnoy et son complexe (Gallimard, 1973, Folio n° 470); La leçon d’anatomie (trad. par J.P. Carasso, gallimard, 1985). Son héros Portnoy, qui se confesse non sans humour sur le divan de son psychanalyste, incarne par exemple l’homme écartelé entre une mère possessive et des maîtresses capricieuses.
Jerome David Salinger (New York, 1919 – 2010)
Les récits de Salinger et son unique roman (L’Attrape-Cœur, histoire d’un adolescent aux propos subversifs, en conflit avec la société, ce qui entraîna l’exclusion de ce livre des bibliothèques…) expriment les obsessions et la révolte de la jeunesse américaine contre le conformisme social.
L’Attrape-Cœur, LGF, 1967.
William Saroyan (Fresno, 1909 – id., 1981)
Les romans et ses pièces de théâtre de Saroyan témoignent à la fois d’une inspiration romantique et ironique, teintée d’une fantaisie débridée. Il a écrit sur les êtres qu’il croisait, et toujours avec une grande humanité, adressant « une lettre aux gens ordinaires pour leur dire des choses qu’ils savent déjà ». On parla à son sujet de lyrisme et de simplicité. Il refusa l’Oscar pour un scénario adapté de son premier roman, Marionnettes humaines, et par la suite le Prix Pulitzer.
Isaac Bashevis Singer (Radzymin, 1904 – Miami, 1991) PRIX NOBEL 1978
Écrivain américain d’expression yiddish, ses romans évoquent la vie des juifs polonais : La corne du bélier ; Le magicien de Lublin. L’Académie de Stockholm, en lui remettant le Prix Nobel de littérature, saluera son « amour absolu de tout ce qui est humain ». Dans Le Spinoza de la rue du marché, recueil de nouvelles, il décrit le monde familier du shtetl, de la communauté juive de Pologne. Il est également l’auteur de contes pour enfants.
Le magicien de Lublin, Stock, 1964.
Gertrude Stein (Allegheny, 1874 – Neuilly-sur-Seine, 1946)
Issue d’une famille d’émigrés juifs allemands, établie à Paris et mêlée aux mouvements littéraires et picturaux d’avant-garde, elle a influencé les romanciers de la « génération perdue » : Américains d’Amérique (Stock) qui relate l’histoire de sa famille, comme type même de la famille américaine, et Autobiographie d’Alice B. Toklas (Gallimard, 1980), dédiée à la femme qui partagea toute sa vie.
John Steinbeck (Salinas, 1902 – New York, 1968) PRIX NOBEL 1962
Parfois qualifié d’écrivain de la générosité, Steinbeck s’est employé à dénoncer la misère des hommes. Ses romans, réalistes et critiques, montrent les milieux populaires californiens : dans Les Raisins de la colère (Gallimard 1982, et Folio n° 83), il est question de ces Okies, paysans de l’Oklahoma qui empruntent la fameuse route 66 pour aller chercher, vainement, une vie meilleure sur la côte pacifique. Steinbeck est également l’auteur de deux autres best-sellers adaptés à l’écran : Des souris et des hommes (Gallimard, 1972, Folio n° 37) ; À l’est d’Eden (LGF, 1963, Le Livre de poche n° 1008).
William Styron (Newport, 1925 – 2006)
Les récits de Styron, où dominent fatalité et remords, dénoncent la cruauté de la société américaine : Un lit de ténèbres (trad. par M. Arnaud, Gallimard, 1963) ou Les confessions de Nat Turner (Gallimard, 1982), qui met en scène un esclave, protagoniste d’une révolte, sachant lire et écrire, et qui médite sur les méandres de l’Histoire ; ou encore Le choix de Sophie, personnage magistralement incarné à l’écran par Meryl Streep, qui campe une femme rescapée des camps nazis, établie à New York et détruite par une terrible décision.
Le choix de Sophie, trad. par M. Rambaud, Gallimard, 1983, Folio n° 1553.
Mark Twain (Samuel Langhorne Clemens, dit) (Florida, 1835 – Redding, 1910)
On dit de lui qu’il fut le premier écrivain américain à utiliser la machine à écrire… Il révolutionna la littérature états-unienne en écrivant l’américain comme on le parle. Premier grand écrivain de l’ouest, souvent drôle, il voulut dans ses romans découvrir l’Amérique à travers ses paysages et son folklore : Les aventures de Tom Sawyer (trad. par F. de Gaïl, Gallimard, 1987, Folio junior n° 449, Les aventures d’Huckleberry Finn (trad. par S. Netillard, Messidor-la-Farandole, 1986, Folio junior n° 230).Des romans où la nostalgie ou le pittoresque n’excluent aucunement la dénonciation sociale.
John Updike (Shillington, 1932 – 2009)
Ses nouvelles et ses romans composent une peinture ironique des fantasmes et des mythes de la société américaine : Cœur de lièvre (trad. par J. Rosenthal, Seuil, 1986) ; Le centaure (trad. par L. Casseau, Seuil, 1989) ; Couples (trad. par A.M. Soulac, Gallimard, 1991) ; Les sorcières d’Eastwick (trad. par M. Rambaud, Gallimard, 1991). « Récit élégiaque constituant un ‘tendre portrait de la vie en Amérique’ selon les dires de l’auteur, le best-seller [Couples] dessine avec précision et lyrisme la vie banlieusarde d’hommes et de femmes aux prises avec le rêve américain de la réussite, du confort et d’une excitante liberté sexuelle qui se conjugue souvent mal avec des idéaux encore bien traditionnels : un bon mariage, une vie de famille saine et des préceptes religieux – car, après tout, les jolies petites églises blanches de la côte atlantique sont encore bien plantées dans le décor » écrit Denise Pelletier (Dossier spécial sur les « Écrivains de la Nouvelle Angleterre », Nuit blanche, numéro 9, printemps-été 1983, « John Updike, le rêve américain à la saveur de l’est », p. 57) qui précise que « prolixe dans la plupart de ses écrits, [Updike] sait aussi faire preuve d’économie dans sa poésie ».
Kurt Vonnegut (1922 – 2007)
Considéré comme un chef-d’oeuvre de la science-fiction, où domine l’humour noir, son Abattoir 5 met en scène un homme pas vraiment comme les autres dont le principal passe-temps est de voyager dans sa propre vie, un voyage à la fois spatial et temporel…
Abattoir 5, trad. par L. Lotringer, Seuil, 1992.
Robert Penn Warren (Guthrie, 1905 – Stratton, 1989)
Les romans et les poèmes de Warren, enracinés dans le Sud américain, posent le problème de la liberté humaine. Les Fous du roi (trad. par P. Singer, LGF, 1987, Le Livre de poche n° 3087) relate la promotion puis le déclin d’un politicien fasciste à la tête de la Louisiane.
Paul West (1930 – )
Anglais naturalisé états-unien, West est un « personnage » ; baroque, fantasque, inventif et brillant, plutôt que de créer de toutes pièces des protagonistes, il préfère s’intéresser aux êtres légendaires ou historiques, comme dans cette fresque à mi-chemin entre l’essai historique et la fiction : Le médecin de Byron.
Le médecin de lord Byron, trad. par J.P. Richard, Rivages, 1991.
Edith Wharton (Edith Newbold Jones, dite) (New York, 1862 – Saint-Brice, 1937)
D’une riche famille de New York, élevée selon les conventions mondaines, Edith Wharton dépeint dans son œuvre les mœurs de la haute société américaine ; Le temps de l’innocence (trad par E. Wharton, Flammarion, 1987), ou la tragique histoire d’Ethan Frome, dans un petit village du Massachusetts.
Tennessee Williams (Thomas Lanier, dit) (Columbus, 1883 – New York, 1983)
Souvent adaptées au cinéma, ses pièces où domine le thème de la castration, mettent en scène des héros frustrés, hantés par l’échec. Sa première pièce, La ménagerie de verre, contient déjà les thèmes qu’il développera par la suite : nostalgie du vieux Sud, problèmes de la sexualité, contradictions entre contexte social et épanouissement individuel…
La chatte sur un toit brûlant ; Un tramway nommé désir, LGF, 1982 ; La nuit de l’iguane, trad. par G. Wajcman, Imprimerie nationale, 1991.
Thomas Clayton Wolfe (Asheville, 1900 – Baltimore, 1938)
Wolfe s’est inspiré dans son œuvre de son enfance passée auprès d’un père tailleur de pierre extravagant et d’une mère puritaine. Il est l’auteur de romans lyriques, notamment de L’ange exilé, une magnifique autobiographie.
L’ange exilé : une histoire de la vie ensevelie, trad. par J. Michelet, LGF, 1989.
Tom Wolfe (Richmond, 1931 – )
Écrivain et journaliste, chef de file de ce que l’on a appelé le « nouveau journalisme », il a écrit une œuvre critique et romanesque qui dépeint les contradictions de l’Amérique contemporaine vue selon le prisme de reportages-fictions. L’étoffe des héros (trad. par P. Guivarch, Gallimard, 1991), relate sur un mode narquois l’épopée de la conquête spatiale américaine.
Acid Test, Seuil 1989 ; Le bûcher des vanités, LGF,1990, Le Livre de poche n° 6788.
Richard Wright (Natchez, 1908 – Paris, 1960)
Ses récits, qui dénoncent la ségrégation raciale, notamment Les enfants de l’oncle Tom et Black Boy, jeunesse noire, qualifié d’autobiographie, ont permis l’émergence de la littérature noire aux États-Unis.
Black boy, jeunesse noire, Gallimard, 1979, Folio n° 975.
Voir aussi : Littérature Western, « À l’ouest, rien de (bien) nouveau ! ou de quelques avatars d’un genre moribond », par Norbert Spehner, Nuit blanche, numéro 65, hiver 1996-1997.
CANADA
État d’Amérique du Nord, membre du Commonwealth
9 975 000 km2
27 300 000 habitants : Canadiens
Capitale fédérale : Ottawa
Langue : anglais et français
« […] L’une des caractéristiques culturelles du Canada est qu’il y subsiste plusieurs milieux répartis sur l’ensemble du territoire et qu’habitent dans ces lieux aussi bien des écrivains itinérants que des écrivains permanents. Ces milieux sont donc à la fois autonomes et enrichis par des apports extérieurs, ce qui peut laisser croire au voyageur qu’il existe, par exemple, une poésie spécifique à la Côte Ouest, opinion que conteste Margaret Atwood qui perçoit plutôt les ressemblances que les différences. Les milieux les plus excitants sont, le nombre en fait foi, Montréal, Toronto et Vancouver, mais pas nécessairement dans cet ordre, ici alphabétique. Les universités offrent souvent des cours de creative writing qui, à l’instar de ce qui se passe aux Etats-Unis, préparent année après année de nouvelles relèves. Cet exemple pourrait être suivi au Québec où l’on se targue de culture en imaginant qu’il s’agit d’un don des dieux !
Peut-être est-il vrai, pour reprendre les paroles de Margaret Atwood, que nous ressemblons beaucoup plus aux Canadiens que ceux-ci ne ressemblent aux Américains qui pourtant nous envahissent tous tant que nous sommes par le truchement, entre autres, de la télévision. Dans ce cas, nous devrions nous attarder aussi aux ressemblances alors que les différences demeurent toujours un phénomène des plus fascinants. Mais un roman d’Atwood pourrait-il être un roman québécois ? Sans doute pas, puisque la perception du monde entre toujours en ligne de compte et que la nôtre dépend en partie de notre fond français […] ».
Michel Beaulieu, Nuit blanche, Numéro 11, décembre 1983-janvier 1984, dossier : « Littérature : le Canada existe-t-il ? ».
Nous invitons nos visiteurs à consulter le site de l’Union nationale des écrivains québécois : www.uneq.qc.ca qui fournit une foule d’informations sur les auteurs québécois et qui dispose d’une précieuse page de liens vers des sites canadiens, notamment vers la Canadian Authors Association (www.canauthors.org/), The League of Canadian Poets (www.poets.ca/) , The writer’s Union of Canada (www.writers.ca/), en anglais