« Avec un poème, c’est vrai, tu ne chasses pas un tyran »
Julio Fausto Aguilera (Guatemala), La bataille du poème.
Voilà sans doute les grands oubliés de l’opulente production littéraire continentale : l’Amérique centrale ; et le genre littéraire qui la caractérise : la poésie.
Nuit blanche a concouru à faire connaître cette littérature quelque peu délaissée par la critique en proposant un dossier spécial sur la littérature costaricienne dans sa dernière livraison (numéro 82). Ce sont les spécificités culturelles de ce petit État d’Amérique centrale, les traits distinctifs de sa littérature, qui y sont ainsi explorés par des auteurs costariciens.
Toutefois, s’il « […] est vrai que la poésie centraméricaine est restée à l’écart du vaste mouvement critique qu’a éveillé la littérature latino-américaine (en particulier à partir des années 60, avec le boom), il faut constater aussi que tous les pays de la zone n’ont pas été frappés avec la même intensité. Le Nicaragua, surtout, a pu s’en échapper. Rubén Dario évidemment fut et est à l’heure actuelle l’un des poètes les plus connus du continent. Quant aux autres pays de l’isthme, on n’écoute la voix que de quelques figures isolées (Roque Dalton, Otto René Castillo, Luis Cardoza y Aragon), sans compter, bien sûr, le guatémaltèque Miguel Angel Asturias, Prix Nobel, qui lui est un des ‘monstres sacrés’ de la littérature latino-américaine » (Amérique centrale : étude de la poésie contemporaine, L’horreur et l’espoir, Dante Barrientos Tecùn, L’Harmattan-Littératures, 1998, p. 2).
Monstre sacré, Asturias l’est en effet. On lui doit en particulier la révélation de la pensée amérindienne qu’il s’est attaché à faire connaître, en assurant notamment la traduction capitale du Popol–Vuh, texte qui relate les mythes mayas. Si les langues amérindiennes sont encore vivantes en Amérique centrale (on en dénombre 13 au Guatemala), c’est l’espagnol qui reste dominant.
Les difficultés de publication et de diffusion des œuvres littéraires, l’instabilité politique souvent, les régimes répressifs, expliquent pour une part la relative marginalité de la littérature centraméricaine, dont les voix créatrices ne se sont pourtant jamais tues, bien que ce soit encore souvent selon un prisme réducteur que l’on songe à ces pays de l’isthme américain.
Le Sommet des Amériques fournit une occasion à ne pas manquer de partir à la découverte de cette littérature.
BÉLIZE
(anciennement Honduras britannique)
État d’Amérique centrale
23 000 km2
220 000 habitants : Béliziens
Capitale : Belmopan
Langue : anglais
COSTA RICA
État d’Amérique centrale
51 000 km2
3,5 millions d’habitants : Costaricains
Capitale : San José
Langue : espagnol
Voir le dossier de : « La littérature costaricienne », avec des articles de Carlos Francisco Monge, Carlos Cortès et Margarita Rojas G. : « Méconnue, la production de cet État d’Amérique centrale n’en recèle pas moins un univers culturel unique ».
GUATEMALA
État d’Amérique centrale
109 000 km2
10,9 millions d’habitants : Guatémaltèques
Capitale : Guatemala
Langue : espagnol
Miguel Angel Asturias (Guatemala, 1899, Madrid – 1974) PRIX NOBEL 1967
Considéré à juste titre comme un initiateur, Asturias a emprunté aux recettes surréalistes. Il était ambassadeur du Guatemala en France quand le Prix Nobel lui fut attribué. Asturias a puisé dans le folklore de son pays pour écrire ses Légendes du Guatemala, où il se remémore les contes que lui lisait sa mère quand il était enfant et dont Paul Valéry a préfacé l’édition française. Il est également le traducteur du Popol-Vuh, texte sacré des Mayas qui relate la version amérindienne de la création du monde et narre l’histoire des héros mythologiques mayas-quichés. Mais il a aussi évoqué le Guatemala de son temps, en évoquant notamment Ernesto Cabrera, archétype du dictateur, dans Monsieur le Président, allégorie politique qui décrit la cruauté gratuite d’un régime tyrannique et avec force détails les mécanismes répressifs. Il nous a offert également un poème mythologique, Hommes de maïs, qui relate l’exploitation des Indiens et la rapacité criminelle des Européens. Son écriture est pleine d’esprit et de trouvailles formelles.
Monsieur le Président, trad. par G. Pillement et D. Nouhaud, Albin Michel, 1980 ; Légendes du Guatemala, trad. par F. de Miomandre, Gallimard, 1985 ; Hommes de maïs, trad. par F. de Miomandre, Albin Michel, 1987.
Mario Monteforte Toledo (1912 – 2003)
Romancier, nouvelliste, sociologue et journaliste, Toledo choisit de vivre aux côtés des Mayas, dans un groupe zuhutil, et épouse une Indienne. Expulsé de son pays en 1936, il revient après plus de trois décennies d’exil.
Entre la pierre et la croix, trad. par M. Reboux, Gallimard, 1958, 1997 ; Une manière de mourir, trad. par J.F Reille, Gallimard, 1997.
Rodrigo Rey Rosa (1958 – )
Auteur de romans et de nouvelles, Rosa a appris la langue quetchi. Parti étudier à Tanger, il y rencontre l’écrivain américain Paul Bowles. Les deux hommes se lient d’amitié et Paul Bowles traduira le premier ouvrage de Rosa publié en anglais tandis que Rosa traduit en espagnol quatre livres de Bowles.
Le projet, trad. par N. Lhermillier, Alinéa, 1991 ; Un rêve en forêt, Le temps imparti et autres nouvelles, trad. par A. Amberni, Gallimard, 1997.
HONDURAS
État d’Amérique centrale
112 000 km2
5,8 millions d’habitants : Honduriens
Capitale : Tegucigalpa
Langue : espagnol
Roberto Sosa (Yoro, 1930 – )
Discret, ce poète et critique littéraire réputé, inspiré par les thèmes sociaux et politiques, est néanmoins le chantre de son pays dont il a évoqué la détresse. Dans Un monde divisé pour tous, révélateur de sa recherche d’une versification métrique concise, il évoque la division du monde entre privilégiés et démunis (« en moi s’ouvre l’espace d’un monde pour tous divisé »), l’isolement déchirant de celui qui assiste impuissant à l’indéfendable.
Un monde divisé pour tous [Prix Casa de las Americas] suivi de Les pauvres, trad. par J. Medina, Seghers, 1977 ; Les larmes des choses, trad. par C. Couffon, Orphée/La Différence, 1990.
EXTRAIT
Démontrer les faits mêlés aux lenteurs
D’un feu que nous ne connaissons
Point, et brûler de l’encens pour les gens
honnêtes,
aide à vivre,
aide à bien mourir.
Un monde divisé pour tous, Seghers.
MEXIQUE
État fédéral d’Amérique centrale
1 970 000 km2
95,5 millions d’habitants : Mexicains
Capitale : Mexico
Langue : espagnol
Mariano Azuela (Lagos de Moreno,1873 – Mexico, 1952)
Médecin, Azuela est considéré comme le plus illustre représentant de l’indigénisme mexicain. Comme un Zola, qui s’inspire des injustices sociales pour créer ses personnages, Azuela est un naturaliste. Il se retrouve au cœur de la révolution de 1910 et devient colonel-médecin dans les forces de Pancho Villa. Partisan du démocrate Madero, il s’inspirera de son général – Medina – pour écrire Ceux d’en bas, récit qui se déroule dans le nord du Mexique et qui relate les aventures guerrières de ses compatriotes.
Ceux d’en bas, trad. par J. Maurin, préface de Valéry Larbaud, J.-O. Fourcade, 1916 (épuisé).
Juana Cruz (Juana Inès de Asbaje, dite) San Miguel de Nepautla, 1651 – Mexico, 1695)
Née dans un petit village de Nouvelle Espagne (Mexique actuel), fille naturelle abandonnée, l’enfant exceptionnelle qu’elle est s’instruit seule dans la bibliothèque de son grand-père. Devenue religieuse, elle écrira des comédies et des poésies (religieuses ou profanes), où se mêlent virtuosité baroque, force émotionnelle et intérêt scientifique, dont le remarquable El divino narciso. Octavio Paz lui a consacré un ouvrage : Sor Juana Ines de la Cruz ou les pièges de la foi (Gallimard, 1987).
Écrits profanes, un choix de textes, Écrits des Forges, 1996.
Carlos Fuentes (1928 – 2012)
Romancier, essayiste, dramaturge. Ses romans sont des satires des conventions continentales et témoignent d’un grand souci de recherches formelles. Dans La mort d’Artemio Cruz, sur fond de Révolution, car l’œuvre de Fuentes comporte des références permanentes à l’histoire de son pays, un industriel relate ses souvenirs personnels. La plus limpide région, grande fresque historique, est une réflexion sur la révolte mexicaine de 1910. Il s’intéresse aussi, comme bon nombre des gens de lettres du continent, au sort réservé aux Indiens : « Tuer un Indien, écrit-il dans Christophe et son œuf (Gallimard, trad. par Zins, 1991), c’est comme incendier une bibliothèque ». Rédacteur au journalEl Espectador, il fonde et dirige la Revista mexicana de literatura. Son roman baroque, Terra nostra, est une œuvre incontournable de la littérature latino-américaine contemporaine.
La mort d’Artemio Cruz, trad. par R. Marrast, Gallimard, 1962 ; La plus limpide région, trad. par R, Marrast, préface de Miguel Angel Asturias, Gallimard, 1958, 1964 ; Terra nostra, Gallimard.
Martín Luis Guzmán (Chihuahua, 1887 – Mexico, 1976)
Son œuvre évoque essentiellement la révolution mexicaine, à laquelle il participa activement, en rejoignant le caudillo des armées du Nord, Pancho Villa, dont il fut le secrétaire personnel. Il décrit dans L’Ombre du Caudillo les mœurs électorales et politiques du Mexique. Dans L’aigle et le serpent, Guzmán narre les aventures, dont il fut l’acteur ou le témoin, et le destin tragique d’Ignacio Aguirre, candidat malgré lui à la présidence de la République.
L’ombre du Caudillo, trad. par G. Pillement, Gallimard, « La croix du Sud », 1959 ; L’aigle et le serpent, trad. J.F. Reille, préface d’Antonio Castro Real, Gallimard, « La croix du Sud », 1967.
Fernando del Paso (Mexico, 1935 – )
Dans son roman, Palinure de Mexico, Del Paso met en scène un personnage nommé Palinure, qui guide le lecteur dans l’univers hallucinant des massacres de l’été 1968 à Mexico, occurrence d’une sinistre réminiscence du massacre des Aztèques et des expéditions coloniales.
Palinure de Mexico, trad. par M. Bibard, Fayard, 1977.
Octavio Paz (1914 – 1998)
Son père, avocat, fut le conseiller de l’instigateur de la réforme agraire, Emiliano Zapata, pendant la révolution mexicaine. Influencé par le surréalisme, fasciné par la tradition mexicaine, passionné de poésie orientale, Octavio Paz, est un homme éclectique et complet. Célèbre pour son œuvre poétique, il a également écrit des essais politiques, philosophiques, historiques sur le structuralisme, l’érotisme, les rapports entre philosophie orientale et européenne, ainsi que des traités d’art, d’une grande force littéraire. Son immense érudition sert à merveille une prose raffinée et incomparable. Le Labyrinthe de la solitude est une étude approfondie et passionnée du caractère mexicain. « L’homme, écrit-il dans L’Arc et la Lyre, est un être qui s’est créé lui-même en créant un langage. Par la parole, l’homme est une métaphore de lui-même ».
Le Labyrinthe de la solitude, trad. par J.-C. Lambert, Gallimard, 1972 ; L’Arc et la Lyre, trad. R. Munier, Gallimard, 1965 ; La fille de Rappacini, trad. par A.P. de Mandiargues, Mercure de France, 1990 ; Liberté sur parole, Aigle ou soleil, trad. par J.C. Lambert, Gallimard, 1971 ; Conjonctions et disjonctions, trad. par R. Marrast, Gallimard, 1972 ; Courant alternatif, trad. par R. Munier, Gallimard, 1972 ; Point de convergence, trad. par R. Munier, Gallimard, 1976 ; Mise au net, trad. par R. Caillois, 1977.
Alfonso Reyes (Monterrey, 1889 – Mexico, 1959)
Poète, essayiste et romancier, fervent humaniste, théoricien de la littérature, il est revenu aux sources de l’inspiration nationale et de la civilisation aztèque. Conteur talentueux et subtil, il commença avec un recueil en prose ironique, Le plan oblique. Le folklore mexicain réapparaît dans Vision de l’Anahuac, révélation idéale du Mexico d’avant la conquête. Se servant des chroniques du XVIe siècle, Reyes nous fait revivre ici le Mexique tel qu’il fut découvert par Cortès et ses hommes. Il décrit non seulement la beauté des sites mais aussi la vie des Aztèques ; tandis que dans Le témoignage de Juan Pena, c’est de l’âme indienne dont il est surtout question.
Vision de l’Anahuac, trad. par J. Guerandel, introduction de Valéry Larbaud, Gallimard, 1927.
Juan Rulfo (Mexico, 1918 – Mexico, 1986)
Carlos Fuentes a écrit à son propos : « L’œuvre de Juan Rulfo n’est pas seulement la plus haute expression à laquelle soit parvenu jusqu’à maintenant le roman mexicain : à travers Pedro Paramo (trad. par R. Lescot, Gallimard, 1979), nous pouvons trouver le fil qui nous conduit au nouveau roman latino-américain ». Juan Preciado parti à la rencontre de son père dans le village de Coamala, « en ces terres qui ne connaissent que les orages », traverse une réalité où le fantastique et le quotidien, la vie et la mort, le passé et le présent ne sont plus dédoublés. La douleur humaine atteint dans ce roman une profondeur bouleversante grâce à une grande économie de moyens, un lyrisme pudique. C’est sa propre mort que le protagoniste rencontrera au terme de sa quête illusoire.
NICARAGUA
État d’Amérique centrale
148 000 km2
4,6 millions d’habitants : Nicaraguayens
Capitale : Managua
Langue : espagnol
Ernesto Cardenal (1925 – )
Poète et homme politique, il fonde en 1952 une librairie, El Hilo azul (Le fil bleu). Intégrant le mouvement clandestin de résistance à Somoza, il écrit des poèmes politiques, dont Épigrammes, publiés par Pablo Neruda dans La Gaceta de Chile. Ordonné prêtre en 1965, il fonde alors une communauté contemplative sur le lac Nicaragua. Proche du Front sandiniste de Libération nationale, condamné à la prison par le régime de Somoza, il est contraint à l’exil. Il reviendra dans son pays après la dictature, où il sera nommé ministre de la culture. Son œuvre est empreinte d’espoir, en un avenir continental meilleur ; il y exhorte ses compatriotes à s’unir, pour se libérer.
Anthologie poétique, trad. par A.-M. Métailié et G. Bessière, du Cerf, 1974 ; Cri, psaumes politiques, trad. par G. Bessière et M. Sacchi, Cerf, 1970 ; Chrétiens du Nicaragua, l’Évangile en révolution, trad. par C. Wéry et C. Condamine, Khartala, 1981 ; Hommage aux Indiens d’Amérique, trad. par J. Day, Orphée/La Différence, 1989.
EXTRAIT
POINT DU JOUR
Il doit être l’heure d’allumer le feu commère Juana.
Le brouillard est plus dense mais c’est parce que vient le jour.
Lève-toi Chico, lève-toi Pancho.
Il y a un poulain : monte dessus !
Il y a une barque : rame donc !
Les rêves nous séparaient, dans les lits clos
les claies et les nattes (chacun avec son rêve)
mais le réveil nous réunit.
Déjà la nuit s’éloigne suivie de ses sorcières et de ses chiens cornus.
Nous verrons l’eau toute bleue : nous ne la voyons pas encore. Et
cette terre et ses vergers, que nous ne voyons pas non plus.
Lève-toi Pancho Nicaragua, prends la machette
il y a beaucoup de mauvaise herbe à couper
prends la machette et la guitare.
Anthologie de la poésie politique d’Amérique centrale, Pablo Centeno Gomez, éd. du Cerf, Paris, 1979, p. 89.
Rubén Darío (Felix Rubén García Sarmiento dit) (Metapa, 1867 – León, 1916)
Influencé par la poésie parnassienne et symboliste, il est à l’origine du mouvement moderniste en Amérique latine puisqu’il fut l’initiateur d’un mouvement de distanciation avec les contraintes académiques de la tradition littéraire espagnole qui entravaient l’expression d’une originalité formelle.Il est ainsi considéré comme le héraut d’une esthétique inédite. Azur (1888) et Proses profanes(1896) fondent en quelque sorte le modernisme latino-américain. Auteur de contes en prose et de poésie où le doute et le désenchantement s’expriment avec force, il a vécu plusieurs années à Paris, où il a rencontré Moréas, Verlaine ; son influence est considérable quand il retourne dans son pays. « Prenez garde, prévient-il. Elle vit, l’Amérique espagnole, mille lionceaux errants du Lion de Castille. » (La poésie espagnole, anthologie trad. par Darmangeat, Seghers, 1963).
Présentation et choix de textes, trad. par L.-F. Durand, Seghers, 1966.
EXTRAIT
« Voilà mon mal : rêver. La poésie est la chemise de fer aux mille points cruelles que je porte sur mon âme. Les épines sanglantes laissent tomber les gouttes de ma mélancolie. »
Chants de vie et d’espérance, « Mélancolie », trad. par P. Darmangeat.
Sergio Ramírez (Masatepe, 1942 – )
Romancier, membre de la “ Generación de la Autonomia ” nicaraguayenne » qui compte dans ses rangs des étudiants dont certains deviendront les dirigeants du Front sandiniste de Libération nationale, il est contraint à l’exil. Revenu dans son pays, il sera élu vice-président du Nicaragua en 1984.
Châtiment divin, trad. par C. et E.-M. Fell, Denoël, 1994 ; Le bal des masques, trad. par C. et E.-M. Fell, Rivages, 1997.
PANAMA
État d’Amérique centrale
77 000 km2
2,7 millions d’habitants : Panaméens
Capitale : Panama
Langue : espagnol
Rosa Maria Britton (Panama, 1936 – )
Exilée comme bon nombre de ses compatriotes, elle commence à écrire après son retour au Panama, une production littéraire éclectique traduite en allemand et en anglais uniquement. Médecin de formation, elle est élue femme de l’année en 1987 dans son pays.
Enrique Jaramillo Levi (Colon, 1944 – )
Nouvelliste, poète et essayiste, il a dirigé plusieurs anthologies de poésie panaméenne et mexicaine. Fondateur et directeur de la revue culturelle Maga, qui se consacre essentiellement à la littérature critique, il enseigne en outre l’anglais.
« Brujalinda », nouvelle trad. par M.F. Eslin, Anthologie de la nouvelle latino-américaine, Belfond-Unesco, 1991.
SALVADOR
État d’Amérique centrale
21 000 km2
5,9 millions d’habitants : Salvadoriens
Capitale : San Salvador
Langue : espagnol
Claribel Alegria (1924 – )
Poète, romancière et essayiste, elle a reçu en 1978 le Prix Casa de las Americas pour son recueilSobrevivo. Plusieurs de ses livres-témoignages sur l’Amérique centrale ont été traduits en anglais, en français, en hollandais, en polonais et en japonais.
Karen en barque sur la mer, récit trad. par A. Gerschenfeld, Mercure de France, 1983 ; Petit pays, Poèmes du Salvador, trad. par R. Jamis, des Femmes, 1984.
Manlio Argueta (1935 – )
Poète et romancier, il fait partie au Salvador de la « Generación Comprometida », groupe influencé par Sartre, apparu dans les années 1950, qui s’est distingué par son activisme social, culturel et politique. Passionné de poésie française, il anime en outre un atelier sur l’œuvre de Saint-Exupéry.
Un jour comme tant d’autres, roman trad. par M. Poumier, L’Harmattan, 1986 ; « Descendre dans la rue », nouvelle trad. par M. Poumier, Anthologie de la nouvelle latino-américaine, Belfond-Unesco, 1991.
Roque Daltón (1935 – 1975)
« Je suis venu à la révolution par la voie de la poésie » écrit Daltón dans Taverne et autres lieux, Prix Casa de las Amercias en 1969. Fondateur d’un mouvement constitutif du futur Front Farabundo Marti, il est sans doute l’un des intellectuels révolutionnaires les plus connus d’Amérique centrale. Il quitte le Salvador pour Prague puis Cuba (Jesus Diaz s’inspire de lui pour camper un des personnages de son roman Las palabras perdidas), avant de rejoindre finalement la guérilla dans son pays, où il sera exécuté en 1975. Il faut voir dans Les morts sont de jour en jour plus indociles comme la prémonition de son propre destin tragique.
Les morts sont de jour en jour plus indociles, anthologie trad. par F. Gonzalez, Maspero, 1975.
Bibliographie : Amérique centrale : étude de la poésie contemporaine, L’horreur et l’espoir, Dante Barrientos Tecùn, L’Harmattan-Littératures, Paris, 1998 ; Le sang de la liberté, Anthologie de la poésie politique d’Amérique centrale, textes choisis et présentés par Pablo Centeno Gómez, Cerf, coll. « Terres de feu », Paris, 1979 ; Anthologie de la nouvelle latino-américaine, Belfond-Unesco, 1991.