Malgré ses milliers de lecteurs, Salman Rushdie est surtout connu pour la sentence de mort que lui a servie un pontife de Téhéran. Même si la fatwa a graduellement perdu son vitriol, elle aura empoisonné la vie de Rushdie pendant des années. Il prend ici plaisir à raconter ce drame.
Habilement, Rushdie se raconte à la troisième personne ; il cherche là une apparence de neutralité. Ce n'est pas lui, du moins pas tout à fait lui, qui pardonne à Rushdie ses erreurs d'appréciation, qui exacerbe les litiges, qui tente d'harmoniser les droits sacrés de la liberté littéraire et les pusillanimités de la Special Branch ! Cette (fausse) distanciation est d'autant plus efficace que la liberté que réclame Rushdie mérite tous les cultes : qui, sauf le fanatique, poignarderait un romancier pour lèse-credo ?
Déterminé à dramatiser une condamnation pleinement injustifiée, Rushdie multiplie les preuves de la bêtise politique, de la frilosité policière et . . .
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