« Je ne suis pas de la race dont la vie fait des livres », affirme le narrateur, Paris Dumauriac, un écrivain de 35 ans qui ambitionne d’écrire un best-seller de 400 pages intitulé 400 pages. C’est peut-être vrai au départ, car sa vie n’offre d’abord rien de remarquable. Auteur d’ouvrages qui ont fini sur les tréteaux d’invendus à la foire aux livres du Vieux-Port, il habite un modeste appartement de l’avenue Papineau avec sa demi-sœur Lisbonne, qui l’affriole avec sa manie de circuler en petite tenue. Son univers va du billard Chabot et du bistrot Bernard jusqu’au dépanneur Accommodation Saö-Wing, tenu par le Laotien inventeur du « pâté indochinois ». En plus de la chienne Nimportekelle, les êtres qui font partie de la vie de Paris sont plus ou moins « épivardés » eux aussi : Lambert-Louis alias « L2D2 », un fonctionnaire qui fait également office de critique littéraire respecté ; Robert-Henry alias « Blueberry », un ancien psychiatre reconverti en réparateur en tout genre ; Rosy alias « la Gueuse », une prostituée animée de valeurs religieuses. Non, il n’y a pas de quoi faire un livre… jusqu’à l’arrivée, en apparence anodine, d’une recenseuse, Marine Janvier. Tout change pour le narrateur : et son quotidien stagnant, et le ton de son récit. Un enchaînement rocambolesque de circonstances va plonger Dumauriac au cœur d’une intrigue policière et raviver le souvenir de ses amours (et de ses frasques) d’adolescence, à l’époque où il flirtait avec Lily Godin tout en s’émouvant des passages obscènes de L’amant de lady Chatterley. Guy Lalancette, qui compte déjà quelques romans à son actif, dont Les yeux du père (2002) et Un amour empoulaillé (2004), signe ici un récit savoureux et plein de surprises, dans lequel on perçoit des relents de Romain Gary (manière Ajar) apprêtés à la sauce montréalaise.
L’ÉPIVARDÉ
- L’Hexagone,
- 2012,
- Montréal
312 pages
27,95 $
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