La romancière, professeure de français langue seconde aux HEC, signe ici sa première œuvre de fiction. Mariel, jeune femme de 25 ans, s’envole pour l’Inde, seule : « J’allais prouver à ma mère […] qu’il était possible de plonger dans cette mare d’immondices et d’en ressortir saine et sauve ». Tout un défi que s’impose la Montréalaise à la blonde chevelure. Car un véritable choc culturel l’attend, en dépit de toutes les images de misère, de souffrance et d’injustice qu’elle croit avoir apprivoisées en préparant son séjour. Son vieux rêve de trouver, au pays que l’on dit celui de la spiritualité, le gourou qui lui enseignerait la sagesse en vient à lui paraître hors de portée. En effet, deux mois à s’employer à survivre à travers cet étalage d’infortunes font naître doute et déception, jusqu’à ce qu’une rencontre fortuite ranime son désir. La voilà en route vers Omkareshwar, l’île sacrée avec son temple que visitent des fidèles venus de partout. Un gourou septuagénaire, Guruji, y vit, entouré de disciples. Le courant passe entre Mariel et Guruji. Peu de paroles, mais un regard. Plus qu’une relation de maître à élève, c’est une étroite amitié qui s’installe entre eux, attachement qui troublera le fidèle disciple italien, Nasikpuri, qui s’en prendra violemment à la jeune femme.
Mais auparavant, Mariel sera partie seule avec Guruji à la Kumbh Mela, grand pèlerinage au cours duquel des millions d’hindous vont se purifier dans le Gange. Fine observatrice, forte et dotée d’un sens critique certain, d’humour aussi, elle raconte ce qu’elle voit et perçoit, ce qu’elle ressent, et entremêle son récit de judicieuses réflexions. Sous l’éclairage cru de la réalité, Mariel revisite les clichés répandus sur la spiritualité hindouiste. La barrière linguistique prive cependant, tant le lecteur que la narratrice, des propos de Guruji qui, des heures durant, à genoux, le dos droit, parle à des pèlerins qui s’agglutinent autour de lui. Quant aux dialogues qu’échangent Mariel et Guruji, ils font appel à un vocabulaire anglais et indien fort réduit que la narration et des notes en bas de page reprennent habilement pour assurer l’intelligence du récit.
Lire First Class, c’est partir au cœur d’une Inde aux couleurs insolites où sont omniprésents les rites religieux, guidé par une héroïne, audacieuse bien que prudente, à la fois volontaire et résiliente et dont l’esprit s’avère aussi curieux que le cœur généreux.