Amour et autres violences est un recueil de nouvelles de Marie-Sissi Labrèche, une compilation de douze textes écrits en marge de l’œuvre de l’auteure. Mis à part « Travelling », qui est un inédit, toutes les autres nouvelles ont déjà été publiées dans des revues, un cahier ou un numéro spécial. Certaines vous sont même peut-être déjà tombées sous la main en raison des prix qu’elles ont remportés.
Si l’on pense aux romans de Marie-Sissi Labrèche, qu’il s’agisse de Borderline (2000), de La brèche (2002) ou de La lune dans un HLM (2006), les mêmes thèmes centraux nous reviennent à l’esprit : amour, sexualité, violence et folie, et c’est autour de ceux-ci que gravitent les nouvelles sombres d’Amour et autres violences. De l’inceste au meurtre passionnel, Marie-Sissi Labrèche y aborde l’amour sous toutes ses formes de violence. Chacun des textes décrit et réécrit la chair malmenée. Les relations amoureuses ou sexuelles qu’on y trouve sont toutes dysfonctionnelles. L’acte sexuel n’est qu’un plaisir arraché, un orgasme volé à l’autre, justifié par toutes les formes d’amour imaginables qui font mal. Les personnages de ces nouvelles sont tous de sexe féminin, des femmes, des filles vulnérables, sinon folles. Elles sont partout présentées dans le mal-être – malaise – de leur relation intime, littérairement et littéralement mises à nues. Amour et autres violences n’est pas un recueil de textes érotiques, pas ce genre de bouquin que l’on tient d’une seule main, pas plus qu’une balade pornographique dont on lit une nouvelle de temps à autre pour s’exciter. Tout le plaisir de lecture réside probablement dans le genre autofictionnel qu’a adopté Marie-Sissi Labrèche depuis quelques textes maintenant, pratique faisant du lecteur un témoin, lui assignant la posture de lecteur-voyeur. Cette impression d’assister à une réunion familiale à laquelle on ne nous aurait jamais invités, mais de demeurer jusqu’à la fin, par curiosité peut-être, afin de ne rien manquer de ce qui n’est pas notre monde. Vous n’aurez pas à vous faire prier pour parcourir d’un bout à l’autre les pages qui composent ce recueil et ne resterez pas, non plus, sur votre faim puisque la dernière nouvelle que vous aurez à lire, « Mon Montréal à moi », est probablement la meilleure, la mieux construite. Très rapidement, vous vous sentirez happé par le rythme d’écriture, mais, peut-être aussi, choqué par le contenu. Néanmoins, si vous aimez ce que Marie-Sissi Labrèche a publié jusqu’à maintenant, alors ce recueil est un incontournable : différent, déstabilisant, voire vexant à souhait.