Jean Marro va souvent chez sa tante Catherine, l'aveugle qui vit, seule et digne, dans ses souvenirs. Il lui demande sans se lasser de raconter son enfance, là-bas à l'île Maurice, avant 1914, et comment la ruine du père l'a arrachée au paradis : un Le Clézio qui nous est familier. Nous comprenons vite que Jean est le double à peine transposé de l'auteur qui, lui aussi, se remémore et fait le point. Mais dans le récit d'une lointaine existence idyllique, il introduit peu à peu d'autres voix, des voix graves, sombres, qui viennent de plus loin encore. Entre autres celle de Jean Eudes l'ancêtre breton qui s'est joint à l'armée des va-nu-pieds pour aller défendre à Valmy la République naissante contre ses ennemis de l'extérieur. À son retour il se sent rejeté par les siens, et il part, encore tout vibrant d'esprit libertaire, avec sa bien-aimée, pour « la Maurice », à l . . .
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