Si l’œuvre de Julien Gracq n’a jamais connu le succès populaire de son contemporain angevin Hervé Bazin, dont il n’avait pas la présence médiatique, elle la précède dans la prestigieuse collection « La Pléiade ». Et, à Saint-Florent-le-Vieil, en Anjou, on entretient très soigneusement son souvenir.
Chaque automne, depuis cinq ans, se tiennent les « Journées Julien Gracq », rencontres littéraires consacrées aux divers aspects de son œuvre, avec conférences, débats, tables rondes et ateliers d’écriture. Le thème de cette année sera « Julien Gracq dans son siècle » et l’on attend sa traductrice en japonais.
Après une carrière d’enseignant essentiellement parisienne, Julien Gracq s’était retiré dans la maison familiale de Saint-Florent, rue du Grenier-à-Sel, où il a passé une trentaine d’années, refusant les médias mais non les rencontres autour de ses livres.
Surplombant la Loire au niveau de l’île Batailleuse que l’auteur évoque à plusieurs reprises dans son œuvre, cette maison laisse apercevoir l’église abbatiale et la basse ville, qui ont inspiré certains paysages du Rivage des Syrtes ou du Roi pêcheur.
Lui, qui affirmait que c’était à l’œuvre et non à l’homme qu’il fallait accorder de l’importance, ne voulait pas que sa demeure, dont il avait par testament fait don à la commune, devienne un musée à sa gloire mais plutôt un lieu d’accueil pour écrivains et créateurs. Un projet d’aménagement de trois studios, d’espaces d’écriture et de création ainsi que d’un lieu de rencontre devrait commencer à être réalisé dès cette année avec le soutien de la commune et de la région des Pays de la Loire. Ce projet a reçu du ministère de la Culture le label « Maison des illustres », accordé à des lieux où ont vécu des gens qui ont marqué l’esprit français.
On peut déjà, en contrebas, suivre le chemin de halage longeant la Loire, sur lequel l’auteur faisait quotidiennement « son tour ». L’itinéraire a été baptisé « Promenade Julien Gracq » et l’on a confié à l’écrivain Jacques Boislève le balisage de neuf panneaux agrémentés de textes en rapport avec des lieux comme la plate de Loire (barque locale au « nez tronqué »), le Parthénon vert de l’île Batailleuse que Gracq avait « devant les yeux depuis l’enfance ». Tous ont également une dimension culturelle, comme le Pont de Vallée, qui évoque un décor de Marquet.
Si tous ses manuscrits sont conservés à la Bibliothèque nationale de France, la bibliothèque d’Angers dispose d’un fonds Julien Gracq, comprenant une copie des manuscrits ainsi qu’un grand nombre d’études et de thèses, et c’est bien à Saint-Florent, là où il avait vécu, que Julien Gracq est toujours présent.