Une véritable fresque politique et sociale que ce roman qui met en scène quatre personnages, de leur naissance en juillet 1928 jusqu’au milieu des années 1960. Des décennies au cours desquelles la France est marquée par la guerre, qu’il s’agisse de la Deuxième Guerre mondiale, de celles d’Indochine puis d’Algérie, et de la Guerre froide, alors que la France prépare la bombe atomique dans un but dissuasif.
Ils sont amis depuis l’enfance. Marie et Thomas, jumeaux de Jeanne et Maurice Virel, banquier, pour qui la société est formée de deux groupes, ceux qui dirigent et ceux qui en dépendent. Daniel, fils de Madeleine et Charles Jansen, haut gradé de l’armée chargé de missions secrètes. Et Arlène, fille de la couturière Irène – considérée un temps comme une presque amie par sa patronne Madeleine Jansen – et de Georges Chardin, ouvrier disparu à la guerre.
Tôt dans le roman apparaît le thème de l’inégalité des classes sociales, doublé de celui du féminisme avec la jeune Arlène, financièrement démunie, qui aura à déployer maints efforts à la mesure de sa détermination pour accéder aux études supérieures et atteindre son rêve, dont tous cherchent à la dissuader car jugé inapproprié pour une fille à l’époque. D’ailleurs, une fois diplômée, comment se taillerait-elle une place parmi les hommes ?
Un autre thème, celui du rôle parental, est illustré de différentes façons. On retient surtout l’autorité qu’exerce le banquier Virel sur son fils Thomas, qu’il persécute pour le faire entrer dans son moule, alors qu’il laisse la jumelle, Marie, libre de suivre son penchant pour les arts. Après tout, c’est une fille, elle trouvera un bon parti et se mariera. C’est ignorer le destin tragique que lui réserve son caractère.
Le romancier nous convie à des scènes de vie en direct, vie semée d’aléas et de vicissitudes. En effet, avortement, suicide, refus du mariage, garde partagée de l’enfant, conflits de valeurs, trahison interviennent dans le parcours de la bande des quatre devenus adultes. Des situations qui se reproduisent encore à notre époque, même si le contexte a évolué. Le romancier a su créer des personnages complexes et crédibles. Son habileté à fouiller l’âme humaine leur confère un sceau de vérité.
Toutefois, une partie importante du volumineux roman est consacrée aux étapes de la fabrication de la bombe atomique à laquelle participe l’un des personnages, source de conflit avec un proche, militant pour la paix et le désarmement. La description détaillée de la fabrication et du processus qui mène à l’explosion de la première bombe en France est laborieuse et ennuyeuse pour le commun des lecteurs. L’opposition entre le militantisme pour la paix et la fabrication de la bombe – par ailleurs bien illustrée – ne réclamait pas ces explications techniques.
À dieu vat nous laisse sur une fin ouverte qui va dans le sens de la croyance au destin, tout comme l’annonçait le titre. Advienne que pourra…