Pour trouver un intérêt particulier à ce livre, il faut vraiment être un fan fini de l’écrivain français. Et encore.
Michel Houellebecq a le don de se mettre les pieds dans les plats. Son esprit met du temps à flairer le danger, car il « ne fonctionne pas très vite », reconnaît l’auteur et pourtant il se croit malin « malgré les anxiolytiques et le vin ».
Que s’est-il passé pour qu’un tel pamphlet voie le jour ? Au moins deux choses : en premier lieu, un entretien avec Michel Onfray pour la revue Front populaire, à la suite duquel on l’accusera de nourrir la haine envers les musulmans. Houellebecq nous glisse des extraits de cet entretien et il est vrai que ses propos sont parfois orduriers. Il règle toutefois rapidement ce dossier et présente ses excuses. En deuxième lieu, sa participation à un film porno, qui occupera l’essentiel de ce pamphlet. Contexte : lui et sa femme devaient se rendre au Maroc pour rencontrer des prostituées (!) et, comme il craignait de se faire enlever là-bas par des islamistes, un artiste néerlandais, Stefan Ruitenbeek, lui propose de venir plutôt à Amsterdam. Houellebecq le désignera ensuite dans son récit comme le Cafard. Il s’agissait de tourner avec une dénommée Jini van Rooijen pour son compte OnlyFans. Elle admire l’œuvre de Houellebecq. Elle sera désignée ensuite comme la Truie. On voit la piètre estime que l’auteur d’Anéantir et de La carte et le territoire nourrit envers ces personnes. Le contrat pour ce tournage (il occupe trois pages dans le livre) ne lui donnait aucun droit de prévisualisation. L’épouse de l’écrivain, Lysis, était censée voir à ce que tout se déroule « correctement ». Bref, c’était assez risqué, de l’aveu même de l’écrivain qui a dit ne pas s’être suffisamment méfié – il avait bu –, d’où le procès qu’il intente et qu’il raconte dans ce livre.
Toute cette histoire est plutôt fort ennuyeuse, reconnaissons-le, et Houellebecq aussi le reconnaît. Les quelques considérations littéraires pointant ici et là ne transcendent pas la vacuité de l’entreprise. C’est un livre de règlement de compte nourri par un sentiment de haine. Houellebecq avouera qu’il s’agit d’une perte de temps, « mais on ne choisit pas toujours les circonstances ni les sujets, l’écriture est parfois bien obligée de suivre ».
Des amis de Houellebecq lui ont rappelé que ses lecteurs n’attacheraient aucune importance à cette histoire. Il en est conscient.
Passons outre et attendons le prochain opus de l’écrivain qui a le talent de gratter nos bobos comme pas un. Après tout, « la littérature, d’après ses amis Gérard Depardieu et Bernard-Henri Lévy, finit toujours par gagner ».