Auteur avantageusement connu en Haïti, l’écrivain produit ici un roman qui semble bien se mouler à ce que d’aucuns nommeraient l’« âme haïtienne ».
Adrien est un jeune adolescent épris de musique, en fait de la pratique du violon, et un élève attentionné du grand violoniste national, « Monsieur Benjamin », qui lui prête un instrument durant des leçons de groupe qu’il suit avec assiduité et brio.
Benjamin part en tournée hors du pays, après avoir souligné à Adrien la nécessité de s’acheter un violon pour la reprise des cours. Mais cet instrument de musique reste, dans un pays démuni comme Haïti, un bien gros luxe que ses braves parents – son père professeur et opposant au régime en place, sa mère petite couturière au grand cœur – n’ont pas les moyens de lui payer.
Adrien, bonne pâte, grand naïf, mais fort débrouillard, se met donc en tête de tout faire pour économiser les sous nécessaires à l’achat du précieux violon, lui qui rêve de devenir, comme son maître, un virtuose national.
Cette quête l’entraînera dans mille aventures : comme employé d’un bar à temps partiel, petit ami de la fille d’un cacique du régime de l’époque (celui des Duvalier, père et fils), otage d’un nain dans une boutique de bric-à-brac, et autres épisodes racontés sur un ton à la fois réaliste et onirique.
À la lecture de ce roman que l’on parcourt avec grand plaisir, on ne peut qu’admirer la volonté sans faille du jeune homme d’accéder à son rêve, dans un pays qui se décompose, à la politique oppressante, où la force brute fait loi, ce qui fait que, pour le commun des mortels, l’instinct de survie devient une nécessité s’il veut cheminer.