À l’heure où, en France, le président Macron prône des investissements massifs dans le développement de l’énergie nucléaire, Étienne Davodeau entame une marche qu’il qualifie de « modeste balade à la surface de la planète » et dont il a tiré une bande dessinée qui incite à la réflexion.
Après avoir visité la grotte préhistorique de Pech Merle, dans le Lot, où il a pu voir quelques traces graphiques laissées par les premiers sapiens, Étienne Davodeau a entrepris de se rendre à pied et sac au dos jusqu’à Bure, où l’humanité risque de laisser aussi une trace durable mais d’une autre ampleur : un centre d’enfouissement de déchets nucléaires.
Au cours de ce périple, il évoque bien sûr le plaisir de la randonnée, la beauté du paysage, son immersion dans la nature, la fatigue, mais aussi quelques rencontres avec des spécialistes du nucléaire, avec lesquels il aborde la durée des effets de la radioactivité.
Le rapprochement entre le lieu du départ et celui de l’arrivée est justifié. « Sous le sol de Pech Merle, il y a des milliers d’années, des sapiens ont laissé à leurs descendants des souvenirs admirables. Sous le sol de Bure, d’autres sapiens […] envisagent d’enterrer des déchets nucléaires dont certains resteront dangereux des milliers d’années. Je veux comprendre ce qui sépare et ce qui relie ces deux lieux et ces deux dates. » C’est ce qu’il tente de nous faire comprendre à notre tour.
Si des amis le rejoignent et cheminent avec lui quelques jours simplement pour le plaisir, quelques autres, spécialistes du nucléaire, conscients des dangers, prônent le recours à d’autres énergies et dénoncent le véritable lobby nucléaire. C’est le cas notamment de Bernard Laponche, auteur du Dossier électronucléaire. Ils évoquent le coût du nucléaire, du démantèlement des centrales et du stockage des déchets pour des centaines de milliers d’années. Au lieu d’admirer des peintures anciennes, comme l’auteur vient de le faire, « les générations futures auront de bonnes raisons de nous en vouloir ».
La route passe par Colombey, où est enterré le général De Gaulle, qui a imposé le nucléaire sans qu’il n’y ait jamais eu « de vrai débat national sur le sujet ».
Joël Domenjoud, militant écologiste, se demande comment l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs a pu s’emparer des terrains de Bure contre la volonté de la population locale et malgré les recours juridiques. Il évoque bien sûr la résistance sur place ainsi que la répression policière et juridique. L’auteur affirme à la fin que « ce livre est terminé, mais [que] l’histoire continue », nous incitant ainsi à nous montrer particulièrement vigilants et sans doute à réagir.
C’est une bande dessinée documentaire à ne pas manquer.