Malgré la mondialisation, la plupart d’entre nous gardent toujours des préjugés tenaces sur l’Afrique. C’est le cas en ce qui a trait à ses sursauts populaires, que nous voyons souvent comme des faits épisodiques, sans nous intéresser aux ressorts profonds qui les animent.
Dans ce livre de 60 pages pile, comme le veut le cadre éditorial propre à la série nommée « Le monde en poche », deux spécialistes universitaires brossent un portrait ciblé de la contestation politique au cours de la dernière décennie sur le continent africain.
Les expertes rappellent que cette contestation a en fait des racines historiques : dans les années 1990, par exemple, plusieurs pays africains subissent de fortes secousses populaires devant les politiques d’austérité imposées à l’époque.
Mais depuis les dix dernières années, ces contestations, surtout portées par des jeunes habiles dans l’utilisation des médias sociaux – souvent des femmes, notent les auteures –, ont été en partie suscitées par l’immobilisme des dirigeants et la persistance du manque de débouchés pour la jeunesse, encore majoritaire sur le continent.
Plus précisément, ces manifestations, dans une bonne quinzaine de pays, ont eu cours au sein d’États dirigés par des hommes qui en sont à leur troisième mandat, brimant ainsi des espoirs d’alternance, et qui, au surplus, maintiennent leur pays dans l’opacité. Sur le plan économique, les conditions de « vie chère » alimentent d’autant le sentiment d’injustice populaire envers un pouvoir déjà soupçonné de corruption, s’enracinant à la fois dans l’autoritarisme et la répression.
Malheureusement, indiquent les deux auteures, on ne voit donc pas encore bien quand se produira le point d’inflexion permettant d’envisager des changements durables qui répondront favorablement aux revendications légitimes de cette vague contestatrice.