En 2020, l’inspecteur Mørck revisite une enquête criminelle non résolue de 1988. À l’époque, personne n’avait été étonné de retrouver un petit tas de sel sur les lieux d’une terrible tragédie. Puis, le Danois remarque que l’anomalie a été reproduite à l’identique en 2002, dans un autre drame. Hasard ou signature ?
La neuvième affaire du département V de la police danoise porte ainsi le nom de ce détail sans grande importance, présent sur les deux scènes de crime, qui s’avérera pourtant décisif dans l’enquête à venir. Récit de Jussi Adler-Olsen, un des maîtres du polar scandinave, Sel est un cold case vieux de plusieurs décennies. Il interpelle un bien connu quatuor d’enquêteurs efficace, mais hors norme. Sous la gouverne de Carl Mørck s’activent Hafez el Assad, Rose et Gordon Taylor, tous plus bizarres les uns que les autres.
Coïncidence étonnante, dans les deux cas il s’agit de sel de cuisine et non de sel de déglaçage. Y aurait-il un lien avec la gastronomie ? Avec le sel, monnaie d’échange dans l’Empire romain, comme l’indique le mot « salaire » ? Ou avec les Saintes Écritures, « Vous êtes le sel de la terre » ? Aussi invraisemblable qu’elle paraisse, la piste « tas de sel/mort suspecte » n’est plus à négliger.
Dans cette répétition des faits, car l’équipe de Mørck découvrira de nombreuses autres situations similaires, tout portera à croire qu’il pourrait s’agir d’un seul et même tueur. Un meurtrier peut-être encore actif, 30 ans plus tard ? Quelqu’un de très obsessif et fort bien organisé ? « Un serial killer qui tue ses victimes tous les deux ans à la date anniversaire des grands criminels dont l’humanité garde le souvenir » ? Si les restrictions sociales imposées par la pandémie de COVID ne faciliteront pas le travail des enquêteurs, ceux-ci persisteront et signeront, bien entendu.
La réputation d’Adler-Olsen, né à Copenhague en 1950, n’est plus à faire et de nombreux prix ont récompensé son œuvre. Chacune des enquêtes du département V a été traduite en plusieurs langues et distribuée dans plus de 40 pays. Avec environ 27 millions de titres vendus, dit-on, le richissime auteur n’oublierait pas de redonner au suivant, lui qui est ambassadeur et bienfaiteur de SOS Villages d’Enfants International.
Dès 2007 lors de la parution de Miséricorde, premier titre de la série, Adler-Olsen aurait immédiatement planifié la production des neuf prochains épisodes. Sans jouer au divulgâcheur, on peut dire que la finale pour le moins biscornue de cette neuvième enquête – qui annonce la dixième et dernière – laisse croire en effet que la fin du département V est proche. Le brillant auteur se serait-il lassé de ses personnages ? La question se pose, car le héros Carl Mørck s’étiole et ce dernier opus n’a ni le rythme, ni la finesse, ni la magie auxquels le Danois avait habitué ses lecteurs, et c’est dommage.