Quelque 673 millions de personnes à travers le monde le font encore en plein air, ce qui pose un défi énorme aux autorités sanitaires. En moyenne, le matin, les hommes s’y adonnent une heure plus tôt que les femmes et le poids de cet effort matinal varie entre 15 et 1 505 grammes.
A priori, le caca n’a rien d’un sujet sexy. La majorité des mortels que nous sommes préfère laisser aux cabinets ce qui s’y passe. Scott McKay ne l’entend pas ainsi. Du bas des reins au creux des eaux, l’ancien chef du Parti vert du Québec suit la formidable Aventure du caca en révélant ce qui advient du dépôt quotidien un coup la chasse tirée. Et l’on constate assez tôt que les enjeux soulevés par la gestion des déjections humaines débordent largement l’enceinte de la cuvette personnelle.
Depuis le début de l’industrialisation, le sort du caca est lié au développement de l’hygiène publique. Auparavant, les sols de la campagne accueillaient les fèces de tout un chacun, qui agissaient comme engrais pour les cultures. L’avènement de la société industrielle change cependant la donne. Les champs sont dorénavant loin et les personnes, trop nombreuses pour que l’épandage puisse disposer des quantités croissantes de caca. Bientôt, les fosses d’aisance débordent. Des maladies telles que le choléra ou la typhoïde prolifèrent, jusqu’à ce qu’Edwin Chadwick, postulant un lien de causalité entre mauvaises odeurs et maladies, recommande d’utiliser l’eau pour noyer le problème.
Or, ce problème refait vite surface. Au milieu du XIXe siècle, la Tamise est un cloaque infect, la Seine empuantit tout Paris, et les morts continuent de s’accumuler. Il faut attendre les techniques d’assainissement des eaux usées pour que décroissent significativement les maladies infectieuses. Le procédé connaît néanmoins ses ratés. Le flushgate de 2015, ce déversement de près de huit milliards de litres d’eaux usées montréalaises dans le Saint-Laurent, le rappelle. Huit milliards de litres charriant résidus pharmaceutiques, perturbateurs endocriniens et pesticides. Aussi McKay, en bon spécialiste de la question, suggère-t-il plusieurs pistes concrètes visant à améliorer la gestion des eaux et des égouts. Son plus grand mérite est d’ailleurs de sensibiliser plutôt que de moraliser. Truffé, en plus, d’anecdotes et de curiosités étonnantes, L’aventure du caca a tout pour trôner au sommet des lectures de cabinet.