Nous sommes en 2093-2094. Le monde, fortement surpeuplé, est sous le contrôle d’androïdes décideurs et de terminaux. L’air extérieur est quasi irrespirable. Des mesures cruelles s’appliquent aux personnes désargentées. L’intelligence artificielle et l’égoïsme le plus brutal règnent en maîtres.
Plus que jamais, l’argent offre des privilèges, tels que le droit d’échapper à la stérilisation chimique et aux publicités holographiques envahissantes diffusées dans les demeures. Il permet d’avoir accès aux services de téléportation, à des soins dans les établissements pour les personnes âgées, etc. L’art est considéré comme néfaste et, d’ailleurs, « l’artopathie maligne » peut provoquer de douloureux symptômes chez les personnes intolérantes. Dans l’espoir d’échapper quelque peu à la lourdeur de leur existence ou n’ayant pas d’autres sources de revenus, certains se livrent à des jeux de paris dans les dimensions parallèles, bien que cela soit strictement interdit. C’est le cas de Patrice. Après avoir purgé une peine de prison pour s’être adonné aux jeux illégaux, il s’installe chez sa sœur Régine et son beau-frère Charles. Et il retourne aussitôt à son activité illicite, en compagnie de Charles. Cette fois-ci, c’est ce dernier qui est pris sur le fait. En conséquence, le trio se voit contraint, dans le cadre d’un programme de « rachat sociétal » et contre rémunération, d’héberger et de prendre soin de Stéphanie, une dame âgée qui n’a plus les moyens de payer pour son hébergement dans un centre de gérontologie, un endroit où l’on tolérait sa mauvaise habitude d’écouter de la musique. C’est que, en raison du lien de parenté, son fils n’est pas autorisé à prendre soin d’elle. À contrecœur, les trois colocataires accueillent donc Stéphanie, avec qui ils entendent bien garder leurs distances. Mais les choses évoluent différemment de ce qu’ils avaient anticipé.
La dystopie Asphyxies est le premier roman de Sébastien-D. Bernier. Il s’agit d’une adaptation de sa pièce de théâtre La dernière mise, présentée en 2003-2004. Bernier y propose une vision exacerbée de certains travers déshumanisants de nos sociétés, par exemple la mise à l’écart des personnes âgées ou défavorisées, et les règles bureaucratiques qu’on juge bon de leur imposer. Un roman très poignant, propre à faire réfléchir…