Un livre composé à la manière d’un roman policier : un court prologue, constitué d’un extrait qu’on retrouve vers la fin, pose le problème, et la suite nous raconte le déroulement de l’événement jusqu’à la solution – Lianne pense avoir tué son père et se sent coupable du geste qu’elle a posé.En avant-propos, un article de La Presse canadienne traitant « des Canadiens âgés de 48 à 64 ans », la génération sandwich « qui se sent coincée entre les exigences des soins à prodiguer à ses parents vieillissants et à ses propres enfants » ainsi qu’à ses petits-enfants, comme les lecteurs le découvriront.Au centre du roman, Lianne, 58 ans, réceptionniste, veuve, mère de Stéphane et de Sophie qui a une fille, Lily, et maintenant en couple avec André qui a un garçon, Justin. Une famille tout ce qu’il y a de « normal », théoriquement sans graves problèmes. Lianne a trois frères plus jeunes qu’elle : Denis, Claude et Jean-Guy. Leur père, Dominique, 82 ans, veuf, souffre tout en le niant d’un début d’Alzheimer. Il vit toujours dans sa maison, mais n’arrive plus à assumer toutes les tâches reliées à une vie autonome. Sa ferme laitière est gérée par Jean-Guy. À ses personnages s’ajoutent les autres enfants et petits-enfants de Lianne et de ses frères.Lianne se sent responsable de son père et d’une façon plus générale de l’ensemble de sa famille : quand Lily affirme qu’elle est depuis toujours un garçon et qu’elle a décidé de s’appeler Liam en assumant sa transsexualité, quand Dominique est victime d’une arnaque, quand Justin revient à la maison, lui qui n’arrive pas à donner un sens à sa vie, quand ses frères veulent placer leur père dans une résidence pour personnes âgées parce qu’ils considèrent que tenter de le garder chez lui est dangereux. Et ainsi pour d’autres problèmes vécus par les divers membres de sa famille élargie.Lianne est prise en « sandwich » entre les besoins contradictoires qui secouent les siens et se sent coupable de ne pas pouvoir résoudre les problèmes, voire d’en être la cause. Cette culpabilité, elle lui a donné un nom : Miss Culpa. Réussira-t-elle à « amadouer » ou à « vaincre » Miss Culpa ? C’est le sujet du roman.Structuré en de courtes scènes centrées sur un personnage, ce roman aborde avec acuité et finesse différents problèmes sociaux et affectifs : perte d’autonomie, transexualité, santé mentale, recherche de parents biologiques (un sous-thème important qui se greffe à l’intrigue d’une façon imaginative, mais peut-être superflue), conflits parents-enfants et au sein des couples, retraite anticipée ou non. Jusqu’où (et jusqu’à quand) sommes-nous responsables de l’autre ? À quel moment ce sentiment de responsabilité nuit-il à l’autre ? Hélène Koscielniak ratisse large sans jamais succomber à la simplification ou au moralisme. Tout est dans l’action et dans les questions que se posent les personnages.
GÉNÉRATION SANDWICH
- L’Interligne,
- 2020,
- Ottawa
285 pages
28,95 $
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