Enfant unique dans une famille qui a ses petits secrets, Florence Roberge est une fillette de huit ans, à première vue bien ordinaire. Et pourtant, qui sait de quoi elle est capable lorsqu’un certain grondement se fait soudainement entendre dans sa tête…
Flo évolue dans un milieu plutôt dysfonctionnel. Son père, colérique, se laisse aller assez souvent à frapper sa femme, et va jusqu’à s’en prendre aussi à la petite, à l’occasion, pour ensuite se confondre chaque fois en excuses. Quant à sa mère, elle boit trop, amère d’une carrière de mannequin riche et célèbre qu’elle croit avoir échappée en raison de sa maternité. Elle refuse obstinément d’admettre que sa fille a des problèmes et a besoin d’aide, et aime regarder des films d’horreur avec elle.
Florence est sans conteste la leader de son groupe d’amis : trois filles (Charlie, Ling et Emma) et un garçon (Félix) se soumettent généralement à sa volonté, bien qu’Emma se montre parfois plus réticente à le faire. Flo exerce un tel contrôle sur ces autres enfants qu’elle peut, à sa guise, les soumettre à des épreuves, les punir ou les récompenser. D’où lui vient une telle autorité ? Sans doute de sa personnalité et de la fascination qu’elle suscite. Ainsi, Félix se montre d’emblée envoûté par son amie, passée rapidement au rang d’« amoureuse ». Il y a également sa voix, étrangement mature pour son âge, qui pourrait contribuer à l’emprise qu’elle exerce sur les autres enfants.
Ce plus récent thriller de Patrick Senécal débute lorsque la petite Florence est découverte seule dans sa résidence, au-dessus du dépanneur de son père, et qu’elle refuse de dire où sont passés ses parents. La police, et le travailleur social appelé à la rescousse sont d’abord persuadés que les parents vont revenir bientôt. Mais ils demeurent introuvables. La suite est constituée en majeure partie du journal intime de la fillette. Le ton que l’auteur emprunte pour livrer les pensées de la gamine paraît tout à fait plausible pour une enfant bonne en français. Et ce qu’on découvre peu à peu est à glacer le sang. L’intrigue, de même que l’horreur, évolue en crescendo jusqu’à une double finale parfaitement imprévue.
Ce roman témoigne de la maîtrise de Patrick Senécal dans son art. Et Flots se révèle un roman pratiquement incontournable pour les amateurs du genre.