Dans cette suite de Dévorés (2018), près d’un an s’est écoulé depuis l’invasion de guêpes anthropophages qui ont semé la dévastation autour d’elles. Le protagoniste, Jack, espérait rejoindre des membres de sa famille réfugiés à Main Duck Island, une île du lac Ontario au large de Kingston ; Frank, son meilleur ami et coloc, avait été victime d’une violente agression. On les retrouve tous deux, métamorphosés.
Le monde, lui aussi, s’est transformé. En l’espace d’un été, les guêpes tueuses avaient d’abord ravagé les récoltes avant de s’en prendre aux êtres humains. Les survivants ont appris à s’organiser en fonction de ce prédateur : ils se cachent le jour et partent en quête de provisions la nuit. L’hiver leur a donné du répit, mais l’éclosion des premiers bourgeons annonce le retour des hexapodes meurtriers. La menace présente toutefois un nouveau visage : des meutes de « carnivores », ces survivants transformés en vampires au contact d’un nectar (l’hémonectar) produit par un champignon présent dans les ruches.
De Dévorés à Métamorphoses, Ferland a suivi le même raisonnement que Robert Kirkman dans la bande dessinée et la série télévisée The Walking Dead : le danger que présentent certains individus malveillants finit par éclipser celui émanant de l’envahisseur, fût-il un hyménoptère géant ou un mort-vivant. Jack, Frank et leurs ami(e)s ont ainsi de nouveaux ennemis à redouter : Roxanne, une cheffe de clan que le venin des guêpes a rendue cruelle ; un groupe armé réfugié à Fort Henry (Kingston) ou encore – introduits en vue du troisième volet – les disciples de la Ruche, une secte d’adorateurs de l’Insecte.
L’intrigue de ce roman tient en haleine. L’auteur a habilement mis à contribution sa formation scientifique (il est entomologiste) pour donner plus de consistance aux phénomènes qu’il a imaginés. Les personnages sont encore une fois mécaniques et peu incarnés. De Khaled, le karatéka solitaire, à Ophelia, la manieuse de couteaux népalais, ils ressemblent plutôt à des figures de jeux de rôle qu’à des personnages de roman. Mais cette caractérisation s’accorde avec le ton général de l’œuvre, que Ferland a émaillée d’allusions à la science-fiction. On s’explique mal, en revanche, un choix de l’éditeur : pourquoi, puisqu’il s’agit d’une suite, ne pas avoir harmonisé la présentation (dimensions, lettrage, couverture, dos) avec celle du premier volume ? Autre moins-value : l’absence d’illustration de couverture. Le dessin de Ferland, en couverture de Dévorés, ajoutait pourtant une touche sympathique.