Peut-être parce qu'elle a rarement pu tabler sur des frontières stables et définies, peut-être aussi parce qu'elle lorgne tous les horizons de l'Atlantique à l'Oural, la Pologne ressemble à Protée, ce dieu aux capacités d'incarnation illimitées.
Ne nous surprenons donc pas si, qu'il se porte sur le présent ou le passé, le regard polonais enrobe d'ambiguïté même les souvenirs les plus nets. Les retours de la mémoire1 de Hanna Krall n'ont d'ailleurs que faire de la clarté cartésienne. Il suffit à l'auteure d'une évocation, d'une allusion pour qu'aussitôt les ombres qu'elle invite à témoigner recréent la terreur nazie et l'horreur des camps. Un peu comme ces tableaux où le pinceau se borne à poser des taches dont le message se distille lentement, la fresque d'Hanna Krall prend forme imperceptiblement, par une lente connivence des anecdotes, des rappels . . .
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